The American Dissident: Literature, Democracy & Dissidence


Ecrits sur le Festival International de la Poésie de Trois-Rivières

 

Les quelques lettres suivantes ont été écrites lors du Festival International de la Poésie de Trois-Rivières, 2007.  Celle de Pierre Labrie
témoigne d’une intolérance surprenante vis-à-vis de la liberté de parole  On dirait que Labrie est partisan de feu Maurice Duplessis...

Le vendredi 28 septembre 2007
Ne laissez pas entrer les infidèles !
Le Nouvelliste
J'ai énormément ri, hier, mais c'était un rire plein de pitié. De pitié pour le pauvre Gaston Bellemare, le dg du Festival international de la poésie, qui a décidé de livrer une guerre sainte, une croisade, un jihad contre les barbares et va-nu-pieds qui ont osé planter leur Off festival juste au pied de son immense forteresse. Malheureusement pour le pdg de Poésie Mauricienne Inc., son intervention maladroite tint plus de l'attentat suicide que de l'épuration sacrée.
Oui, j'ai ressenti de la pitié pour cet homme perturbé qui crie aux parasites, grattant frénétiquement sa peau aseptisée, comme un hypocondriaque parano, devant le regard perplexe de la population. Gaston Bellemare craindrait-il une invasion des amateurs dans sa belle poésie bien polie et prête à empaqueter?

La non poésie de la relève serait-elle un danger pour le statu quo littéraire qui dure à Trois-Rivières depuis une vingtaine d'années? Il est impossible de savoir puisque M. Bellemare ne lui a même pas laissé le temps de s'exprimer que déjà il lui a déclaré la guerre.

En ne laissant pas de place dans le festival officiel pour les nouveaux venus (il faut avoir été édité pour avoir l'honneur d'y lire ses textes), et maintenant en condamnant l'initiative de ceux qui osent leur laisser une place, Gaston Bellemare se tire dans le pied en s'attaquant aux prochains poètes, laissant présager une ambiance de réunion du troisième âge pour les festivals des prochaines années.

Mais le pape Bellemare ne s'arrête pas là. Il va jusqu'à redouter la désertion de son événement par des poètes reconnus: " (...) ils vont se promener dans nos événements pour dire aux poètes d'aller chez eux", affirme-t-il, comme inquiet pour la suprématie de son festival. Il faut dire qu'avec les années, la formule élitiste et institutionnalisée du Festival a fini par faire fuir bon nombre d'amateurs de littérature et de poètes.

De toute façon, du festival de quelle poésie parle-t-on ? De la poésie bureaucratique d'une demande de subvention au Conseil des arts et lettres ? De celle, le doigt en l'air, des cocktails au foyer de la salle J.-Antonio-Thompson ? Des recueils standardisés qui sortent à intervalles réguliers des presses des Écrits des Forges ? Quelle surprise que des jeunes ayant connu la poésie par Rimbaud et Baudelaire recherchent plus que cela dans un événement consacré au poème!

Le Festival n'a plus rien de significatif, d'épique, ce qui est quand même surprenant de la part des héritiers de la Nuit de la Poésie de 1970. Et en refusant l'énergie, la jeunesse et la révolte de la relève, on ne risque pas d'y voir de changement dans l'avenir.

En conclusion, Gaston Bellemare peut se vanter d'avoir été le plus grand promoteur du "off" en s'y attaquant comme un vieux mâle alpha qui craint la destitution. Il peut aussi se pâmer d'avoir jeté sur le festival officiel un voile de snobisme et d'hermétisme qui risque d'en attirer plus d'un au Charlot la semaine prochaine...

Hugo St-Amant Lamy
non poète
Trois-Rivières

 
Le vendredi 28 septembre 2007
Le poète censuré
Le Nouvelliste
Que de controverse à propos de cet Off Festival de poésie! Gaston Bellemare, le "lider maximo" de la poésie à Trois-Rivières est sorti de ses gonds en insultant tout poète amateur. Comme il l'a spécifié, les propriétaires du café-bistrot Le Charlot sont des "parasites" qui désirent "inviter n'importe qui à lire des poèmes".
Justement, monsieur Bellemare, tout amateur de poésie a le droit de s'exprimer. Ce "n'importe qui" n'a nullement l'obligation d'avoir publié pour être. N'est-ce pas brimé la liberté d'expression que d'imposer des balises aux artistes? N'est-ce pas un monopole que d'écraser toute concurrence? N'est-ce pas la nature même de la poésie que d'être accessible à tous?

N'est-ce pas ironique que le Festival de la poésie de Gaston Bellemare rende annuellement hommage au poète inconnu, via son monument au poète inconnu, alors qu'il refuse, voire censure, la parole des véritables poètes inconnus?

François Landry
Trois-Rivières
Le vendredi 28 septembre 2007

Le vendredi 28 septembre 2007
Off Toute?
Le Nouvelliste
En réaction à l'éditorial de Ginette Gagnon "Poésie au Charlot".

Je ne m'attendais pas à lire un texte aussi dénigrant (à l'égard des organisateurs et des poètes invités au FIPTR) et aussi simpliste. Ne serait-il pas intéressant de faire quelques analogies, question de mettre les choses en perspective?

Que diriez-vous si je publiais quotidiennement un journal qui s'intitulerait "Off Nouvelliste" et que je vous demandais (et même là, je serais gentil de vous le demander!) de l'encarter gratuitement dans votre journal, prétextant que les journalistes non professionnels ont aussi le droit de se faire lire par les lecteurs du Nouvelliste?

Si je démarrais un "Off OSTR" avec des musiciens non professionnels et que je présentais des spectacles les mêmes soirs que l'OSTR dans le foyer de la salle J.-Antonio-Thompson en jouant plus fort, prétextant que les musiciens non professionnels ont aussi le droit de se faire entendre par la clientèle de l'OSTR?

Et si les soirées Kino se tenaient dans le hall du Séminaire St-Joseph les mêmes soirs que Ciné-Campus, prétextant que ?

Aurons-nous droit un jour à un "Off Fred Pellerin" pour les "conteux" amateurs? Un "Off Chambre de Commerce" pour les commerçants amateurs? Un "Off 375e de Trois-Rivières" pour les citoyens des autres villes du Québec? Un "Off Grand Prix de Trois-Rivières" pour les conducteurs d'autos tamponneuses amateurs?

N'est-il pas plus noble et brillant de créer nos propres affaires? N'y a-t-il pas eu dernièrement un Festival de Slam Poésie, brillamment créé et orchestré par un certain Sébastien Dulude, qui laissait un micro aux poètes de la relève? Ce fut un succès et pourtant aucun "parasitage" n'a été détecté!

Pourquoi l'organisation des Oscars ne fait-elle pas une catégorie "Mononcles qui filment les partys de fête"? Pourquoi ne pas présenter l'émission Drôles de vidéos lors du Festival des films du monde? À l'inverse, pourquoi la logique voudrait-elle que les concours amateurs de musique traditionnelle refusent maintenant la candidature de La Bottine souriante?

Vous avez certainement travaillé fort et avec passion pour faire votre place dans votre métier, madame Gagnon, afin d'en devenir une professionnelle, non? Eh bien, c'est aussi le cas des poètes invités par Gaston Bellemare et de ses organisateurs du Festival international de la poésie de Trois-Rivières, et non pas parce que ce sont les "élus de son choix".

La prochaine fois, avant de dénigrer à ce point le travail professionnel de gens professionnels, ne serait-il pas plus sage et constructif de fouiller davantage au chapitre des implications lorsque vous lancez de telles généralisations populistes? Un éditorial n'est pas une lettre ouverte d'un lecteur. Au même titre qu'un festival international n'est pas un pique-nique familial. Votre opinion, malheureusement, attise une polémique au détriment du rayonnement d'un événement trifluvien d'envergure. Il s'agit hélas d'un réflexe bien misérabiliste que celui qui consiste à "amateuriser" ce qui est professionnel. Vous semblez nous dire : "Ne soyons plus élitistes : commandons tous des hot-dogs au Castel des Prés".

Pierre Labrie
poète
Trois-Rivières

Le jeudi 27 septembre 2007
Un off-festival qui dérange
Marie-Josée Montminy  mmontimin@LeNouvelliste.qc.ca
Le Nouvelliste
Trois-Rivières
Le président du Festival international de la poésie de Trois-Rivières, Gaston Bellemare, n'hésite pas à qualifier de "parasites" les propriétaires du café-bistrot Le Charlot, qui organisent un "Off-Festival de la poésie" parallèlement à l'événement officiel qui débute ce vendredi.
Alexandre Gauthier et quatre autres copropriétaires ont repris l'administration du Charlot cet été. M. Gauthier a décidé d'organiser un off-festival de la poésie du lundi 1er au samedi 6 octobre, dans l'optique de "créer des espaces dans lesquels la poésie pourra émerger".

Cette série d'activités comprend une soirée "micro-libre" le lundi, un spectacle de théâtre spontané le lendemain, une prestation de peinture en direct le mercredi et une soirée jazz et poésie le jeudi. Lucien Francoeur sera sur place vendredi, alors que la soirée du samedi 6 octobre sera consacrée à la relève. "On a voulu explorer d'autres formes poétiques que la lecture de textes", explique Alexandre Gauthier.

Gaston Bellemare, lui, considère que l'événement du Charlot peut carrément nuire au festival officiel. "Ça peut juste faire du tort. Ce sont des parasites. Regardez cela, ils vont se promener dans nos événements pour dire aux poètes d'aller chez eux", s'inquiète-t-il, en rappelant que c'est son organisation qui dépense pour faire venir tout ce monde au centre-ville.

Philosophies opposées

M. Bellemare dénigre le concept du micro ouvert, qu'il considère comme de l'antipoésie. Pour lui, un poète digne de cette appellation doit avoir publié via une maison d'édition. En analogie, il prétend que ce n'est pas parce que quelqu'un a un violon qu'il peut jouer dans un orchestre symphonique.

"Ouvrir le micro à des amateurs met dans la tête du public qu'eux autres aussi, font de la poésie. Ce sont des non-poètes. Tu ne connais pas la poésie si tu ouvres le micro à tout le monde", tranche-t-il. Justement, rétorque M. Gauthier, étonné devant une telle réaction de la part de M. Bellemare, qu'il ne connaît pas. "Oui, on ouvre le micro à tout le monde. Il a compris notre principe!", ironise M. Gauthier.

Le copropriétaire du Charlot respecte la rigueur des règles de sélection des poètes participant au Festival international de la poésie, mais il croit aussi en la démocratisation de cette forme d'expression. Pour lui, tout le monde est digne de livrer sa poésie, qu'il ait publié ou non!

Étudiant à l'Université du Québec à Trois-Rivières, Alexandre Gauthier fréquente le Festival international de la poésie depuis longtemps, comme spectateur. "Déjà quand j'étudiais au Cégep en arts et lettres, on avait eu l'idée de créer un événement de poésie", raconte celui qui ne voit pas du tout en quoi son off-festival puisse nuire au festival officiel. Au contraire.

"Je comprends que ce n'est pas parce que tu as un violon que tu peux automatiquement jouer dans l'orchestre symphonique, mais tu peux jouer du violon quand même!", répond-il à l'analogie de Gaston Bellemare. Alexandre Gauthier croit même que les activités du off-festival peuvent inciter son public à fréquenter les autres activités du festival officiel.

M. Gauthier pense particulièrement aux jeunes, qui se sentent moins interpellés par les activités officielles du festival. Il laisse aussi entendre que c'est peut-être une question de générations qui fait que l'organisation de M. Bellemare perçoit une si grande menace dans un événement n'ayant aucune prétention compétitive.

"Ce n'est pas comme si on était le seul off-festival au monde", conclut M. Gauthier, qui insiste pour qualifier son événement de complémentaire et même d'introduction au festival officiel.

Le mardi 02 octobre 2007
Une autre forme de poésie
Roger Kemp
Le Nouvelliste
Trois-Rivières
Madame Gagnon, en regard de votre éditorial concernant le Off festival de la poésie, laissez-moi vous raconter ma propre expérience.
J'ai développé, il y a 18 mois, une nouvelle forme d'art que j'ai intitulée, " la photo-gravure " technique qui consiste à graver au jet de sable sur une vitre surdimensionnée, les extensions qu'une photo me suggère.
Cela donne un effet visuel extraordinaire. À chacune des oeuvres que je grave, je grave aussi sur du verre, une poésie que la photo nous inspire. Donc, l'oeuvre est le résultat de trois personnes, la poétesse (non publiée) Gaétane Tremblay, le photographe Jean-Pierre Lafontaine et moi-même à la gravure.

Nous avons voulu présenter nos oeuvres lors du Festival international de la poésie, mais comme nous étions à moins de cinq semaines de l'édition 2006 et que la programmation était déjà structurée, nous avons décidé de prendre l'année pour montrer que la poésie n'est pas seulement une question d'édition dans un livre.

J'ai donc communiqué à maintes reprises avec les autorités du Festival pour les inviter à venir voir ce que nous avions créé à notre atelier. Nous n'avons pas réussi à les faire bouger parce que la condition première pour être de la programmation officielle, c'est d'avoir été édité.

Ne pourrait-on permettre à un poète émergent de se faire connaître avant publication de ses écrits ? Ne pourrait-il y avoir à ce prestigieux festival, une porte ouverte pour les nouveaux talents, les nouvelles formes de poésie (slam, hip hop, poésie virtuelle etc.) ?

J'ai donc, moi aussi, usé d'astuce pour nous faire voir. Nous avons convaincu les dirigeants de la SSJB de présenter une exposition, La poésie du photograv, lors du souper poésie présenté par la Société Saint-Jean-Baptiste de la Mauricie ce jeudi 4 octobre à la salle l'Émerillon à la marina de l'île Saint-Quentin.

La population est invitée, il suffit de réserver les billets pour le souper auprès de la SSJB de la Mauricie. Dépêchez-vous, car les places sont limitées.

Un souper poésie qui en fera voir et entendre de toutes les couleurs. J'en profite pour inviter spécialement Gaston Bellemare et son équipe à venir fraterniser avec nous.

Le lundi 01 octobre 2007
Une tempête qui sort du verre d'eau
Alexandre Rocheleau
Le Nouvelliste
Trois-Rivières
"En réponse à Pierre Labrie et au président du Festival international de la poésie, Gaston Bellemare."
Une petite initiative s'imbriquant dans le cadre du Festival international de la poésie de Trois-Rivières devient hors de contrôle et échoue sur la place publique. Une tempête sort d'un verre d'eau.
C'est beaucoup plus qu'une question d'opinion, c'est une question de principe. Les couteaux ont volé bas en direction du bistro "Le Charlot" et il y a eu des pertes collatérales telles que la crédibilité de M. Bellemare ou de M. Labrie. La présidence du Festival s'est montrée immature et soupe au lait.

Maintenant que Pierre Labrie fait des "steppettes" au Salon du livre, il est quelqu'un. Curieusement, il ne se rappelle pas de l'époque où il n'était personne.

De l'époque, où il aurait aimé avoir la chance d'être entendu par ses pairs amateurs ou simplement par un public.

Le Charlot voulait faire partie intégrante de la programmation du Festival international de la poésie, seulement, ils n'ont pas pu car la nouvelle administration de l'établissement est entrée en poste trop tard.

Au départ, pour rendre hommage à un événement qu'il chérissait, ils ont décidé de participer à leur manière. On connaît la suite. Fiasco médiatique.

L'organisation du Festival international de la poésie a le droit d'avoir une opinion défavorable à l'égard de l'initiative du "Charlot".

Cependant, son président a la responsabilité de l'image de son événement. Je ne crois pas que traiter bêtement les gens de parasites soit une manière très poétique de livrer son avis. Et je ne crois pas que dénigrer la place des petits événements à saveurs différentes du sien soit aussi à son honneur.

C'est hors de proportion. C'est comme si "Gesca Limitée" s'en prenait à un journal étudiant. Oui, monsieur Labrie, les artistes non professionnels ont le droit de faire des activités officieuses qui font hommage à la poésie et non, monsieur Bellemare, ce n'est pas dégradant pour votre organisation même que les soutenir s'imbrique au coeur de votre mission.

Ce n'est pas populiste, ce n'est pas de "gaugauche" ni révolutionnaire. C'est plaisant de savoir qu'il y a des initiatives artistiques trifluviennes de tous les horizons, c'est à l'honneur de notre ville.

Les commentaires de l'illustre monsieur Bellemare sont aussi incisifs et déplacés que ceux du commissaire Bouchard, de la Commission Bouchard-Taylor, concernant l'intellect des gens qui s'informent sur TVA et TQS. En tant que président, il a des responsabilités face à l'éthique de son organisation et il s'est planté royalement sur ce coup-là. M. Bellemare doit faire des excuses publiques.

Monsieur Labrie, mon petit doigt me dit que vous avez des projets de théâtre amateur. J'espère qu'ils ne feront pas d'ombre à personne. J'espère ne pas vous croiser dans un "Kino", vous pourriez faire ombre à "Miramax".

Ou encore, quand votre carrière sera terminée, vous voir écrire un vers et le réciter en public par là, vous pourriez faire de l'ombre à Stéphane Despatie par exemple. M. Labrie, voici le coeur de votre raisonnement simplet. Ça n'a pas de bon sens. Vous serez et je serai toujours libre de chanter et écrire.

Bonne chance à tous les artistes qui s'exprimeront pendant le festival. Vous avez mon plus grand respect, l'organisation du Festival et du "Charlot" aussi. Je suis cependant contre la démagogie à la petite semaine de MM. Bellemare et Labrie.

Ça fait pitié de voir des personnages de notre région salir des gens gratuitement et se porter garants de la fermeture d'esprit. Espérant que cette tempête ait fini d'éclabousser ceux qui voudraient bien boire dans le verre.

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