The American Dissident: Literature, Democracy & Dissidence


Réjean Bonenfant, écrivain de la clique trifluvienne de la gang Gaston Bellemare

Réjean Bonenfant et moi, nous avons maintenu une correspondance par courriel pendant quasiment la moitié d'une année. C'était un dialogue de sourds... mais quand même pleine de bijoux.  Il faut se demander pourquoi Bonenfant est content d'avoir ses écrits déposés à la Bibliothèque Nationale du Québec… alors qu'il refuse d'y inclure notre correspondance.  En fait, il m'a même demandé d'enlever ses courriels de ce site Web.  Or, j'ai refusé d'accorder son voeu car ceux-ci servent de parfaites illustrations de la mentalité corrompue des gens de lettres, surtout ceux qui sont publiées, au Québec.
Espérons que la BNQ prend note.  De cette correspondance parfois belliqueuse, j'ai pu tirer de nombreux poèmes. Voir les suivants à titre d'exemples.

Ce n’est pas volontaire.  Quand j’écris, je ne pense jamais que je vais être l’agresseur.  Il vaut mieux que je n’y pense pas parce que, si je pensais au public, je serais moins libre vis-à-vis de moi-même, je me musellerais.  L’artiste qui pense à ce que va dire le public ne fait plus rien.
           —Léo Ferré
Défense de chialer
(Dialogue de sourds entre poète de salon et poète révolté, No 8)

Tu m'accuses de chialer, mon bon enfant,
et ça ne m'embête pas tellement
car je préfère
ces rares instants ou tu me parles franc.
Mais comme d'habitude tu refuses
d'ouvrir les yeux et comprendre le pourquoi.

Ce n'est pas que je chiale du fait qu'on décline
de publier ce que j'ai à dire.
C'est que je chiale contre la merde publiée,
contre tous ces ouvrages
qui font, selon toi, « avancer la littérature ».
Il y a une différence, tu sais.
Quand j'ai pu écouter les torrents de merde lus
directement de recueils si chèrement imprimés,
jour après jour, nuit après nuit,
à ce festival durant dix jours qui a lieu chez toi ,
oui, je pense que j'ai ben raison de chialer…

Interdit aux poètes non initiés : Réseau compréhensif de revues subventionnées
(Dialogue de sourds entre poète de salon et poète révolté, No 9)

Moi, je t'écris que
cela m'est très difficile,
quasiment impossible,
de trouver des revues
pour publier mes textes
car beaucoup trop critiques,
trop proches de la louche vérité
se trouvant dans les boyaux
de la Machine littéraire
dont tu fais évidemment partie intégrale.

Toi, tu me réponds que
« Pour ma part, et je te dis cela
en toute humilité, je participe 2 ou 3 fois
par année au Sabord, 4 fois par année
aux Soirs Rouges, maintenant à chacun
des numéros de Liaison, une dizaine de fois
par année sur le site Internet Rabaska,
une fois par année à Estuaire ainsi qu'à Moëbius.
Je sais que c'est beaucoup. Je ne soumets
plus de textes, on me les demande. »

Moi, du moins, je comprends maintenant
que d'envoyer mes textes à ces revues-là
constitue une perte évidente de temps.
En fait, existe-t-il des revues au Québec
où ne siègent ni toi ni ta bande de chums,
là où on pourrait faire parvenir des textes critiques
non seulement de toi et de ta bande mais également
de la purée que tu as tendance à publier,
soit celle non pas forgée par l'injustice,
soit celle produite sans aucun risque ?

Subj: Un bonjour de Trois-Rivières
Date: Wed, 31 Oct 2001 1:13:35 PM Eastern Standard Time
From: Réjean
To:

Bonjour Tod
Je n'ai pas encore reçu ton texte. Peut-être as-tu décidé de ne pas en envoyer. De toute façon, je te souhaite une belle fin d'automne et de beaux moments d'écriture.
Amitiés,
Réjean Bonenfant
P.S.: Christine Germain de Radio-Canada avec qui nous avons fait l'émission Décrocheurs d'étoiles est très peinée du pépin technique arrivé lors de l'enregistrement. Elle ne pourra pas, comme elle l'avait promis, nous fournir un CD de cette émission. C'est bien dommage pour nous tous... et pour les générations futures....

Rej,
Merci pour ta reponse. Je t'ai envoye un paquet il y a a peu pres une semaine. Ca va arriver. Depuis l'envoi, je continue a composer des poemes en francais sur l'experience T-R malgre moi et malgre l'ambiance anglophone. Je te les enverrai lundi. Il faut que je me remette en mode anglophone. Mes textes sont tous critiques donc probablement pas a propos pour T-R ni le Quebec. Mais qui c'est? J'en ai fait 3 trois poemes sur ta derniere lettre... l'un s'appelle "Poeme 'irrepondable'". Je t'ai envoye egalement quelques BDs faites sur T-R et les poetes. En fait, j'en ai fait une autre hier soir... tres critique! Merci pour les coor de Rita. Et s'il te plait surtout ne prenne rien au niveau personnel vis a vis des poemes que tu vas recevoir. J'ecris de mon ame et n'aime pas du tout bloquer ni censurerles pensees 'amesques.' Bonne fin de semaine a toi. Ca me manque T-R, ton fleuve et ta rue des Forges.
G. Tod

Mardi le 14 novembre 2001
Réjean Bonenfant
117 rue Bonaventure
Trois-Rivières, Qc, G9A 2A9

Réjean,
Comme tu vois, le Festival m’a quand-même eu un effet créateur. Et cela c’est très bien. Oh, je sais que ce que je crée comme textes peut être considéré comme non-créatif. Mais c’est pas mon problème ça. C’est plutôt celui de ceux qui le voient ainsi. Ci-joint, tu trouveras encore des poèmes inédits—impubliable au Québec et sans doute irrépondable—écrits directement en français sous l’effet festi. Ca me surprendra si tu les aimes. Mais c’est pas du tout mon but de faire aimer. Mon but c’est plutôt de faire ouvrir les yeux. Evidemment, c’est un objectif très, très difficile à atteindre de nos jours. Je dois dire que ce que j’ai pu observer à Trois-Rivières ne m’encourage guère. En fait, cela continue à me déprimer… honnêtement. C’est pas que c’est mieux ici chez moi. Car ici c’est également le merdier en ce qui concerne la chose poésie. Mais c’est quand-même plus dilué que chez toi ou c’est tellement concentré qu’il est difficile de ne pas percevoir une inceste criarde. Si je pouvais seulement t’en convaincre un peu, toi et ton gang de poètes trifluviens. Vous me rappelez les Noirs d’ici. Ben oui, Les Nègres Blancs de l’Amérique, vous ! Je te rappelle que j’enseigne dans une petite fac entièrement composée d’étudiantes noires. C’est qu’au début les Noirs ont sûrement eu besoin d’une Affirmative Action comme vous les Québécois d’ailleurs. Mais maintenant on voit trop bien les conséquences négatives de cette AA sur les nouvelles générations. C’est-a-dire qu’elles n’arrivent pas à faire sans avoir recours à l’aide extérieure. J’ai des étudiantes, par exemple, qui doivent avoir des percepteurs. Elles ne peuvent rien faire, ni devoirs, ni lire le texte ou quoi que ce soit sans avoir quelqu’un pour tourner les pages une à une pour elles. J’ai grande peur que la littérature québécoise devienne une littérature sans risque, sans solitude, sans marge à cause de l’excès de supports paternalistes et feel-good. Si je pouvais seulement te convaincre un peu. J’ai la forte impression que vous vous soutenez beaucoup trop l’un à l’autre. Pourtant un poète a besoin de solitude, de conflit et surtout de marcher en marge seul sans le soutien ubiquiste d’amis. J’ai l’impression qu’il n’y a pas de poètes dans votre gang qui marchent en marge, que c’est une clique heureuse et beaucoup trop satisfaite d’elle-même… trop à l’aise. Qu’est-ce que ça produit, va produire, comme littérature ? Je dis ceci d’après observation au Festival et coup d’œil dans les trop joyeuse revues de poésie émanant de pas trop loin de la papeterie fumante y compris Estuaire, Art Le Sabord, Lèvres urbaines et Exit. Ca doit coûter tellement cher produire des revues pareilles. Je me rappelle quand j’ai montré un exemplaire de mon American Dissident, qui ne reçoit aucune subside, à Gaston et à Maryse. Ils n’ont même regardé le contenu… ce qu’il y avait dedans. Tout ce qu’ils ont vu c’était la couverture en papier non-glacé et les pages en papiers bon marché pas du tout de luxe. Ils m’ont dit : $5.00 au kiosque. Qu’importe la qualité ou risque de l’écriture ? Il y en a sans doute d’autres revues émanant de T-R… mais toujours avec les même poètes suspects? Capitale de la poésie ! Mais quel genre de poésie ? Vous vous décernez prix et lauréats incestueusement ! Est-ce que c’est vraiment cela dont vous avez besoin ? Galardons ? Vous vous félicitez l’un à l’autre. Ce n’est pas grand temps que vous évoluez un peu, que vous vous distancez du besoin de félicitations, prix et lauréats ? Il me semble que c’est trop facile chez toi… du moins si tu n’irrites pas les poètes chefs. Vous faites des vers comme les fonctionnaires produisent des tas de paperasseries. Si je pouvais seulement convaincre le joyeux directeur poète PDG Daoust que le mandat d’Estuaire de « publier des textes de qualité qui regroupent toutes les générations et toutes les tendances actuelles » est mensonge. Car la tendance dont je fais partie doit forcément être exclue du fait qu’elle brise forcément le grand penchant de produire une poésie joyeuse et surtout une poésie qui ne dérange pas les pouvoirs… nationalistes/ littéraires québécois ! Ben j’espère que mes confidences ne perturbent pas ta santé. Comme je t’ai déjà dit : je te trouve quand-même sympa et intelligent. En plus, je suis tellement affamé de dialoguer… de débattre dans l’arène de la littérature. Eh ben oui, je sais que c’est tout à fait interdit au Festival International de la Poésie… mais j’espère que ce n’est pas le cas chez toi ! Si l’on pouvait seulement ouvrir les yeux de Gaston à l’importance de discuter de la poésie dans un festival de poésie. Ca pourrait se faire facilement au Zénob. Oui, évidemment on pourrait l’éviter dans les restaus au Four à Bois, etc. Un bon débat n’a jamais fait du mal sauf à ceux qui sont tellement renfermé dans leurs mensonges et hypocrisies. Il est plus qu’évident que les jeunes poètes trifluviens ont tellement soif de débats. Ils voient ce Festival comme une espèce de dictature à la Duplessis sur la chose poésie. Et bon Dieu, ils n’ont pas tort ! Pourquoi doit-on toujours éviter de faire peine aux vieux bourgeois… à tout prix y compris à celui de la liberté?
G. Tod
PS : J’ai reçu une belle carte de Christine Germain. Elle m’a dit qu’elle était tout à fait d’accord vis-à-vis du muselage des poètes (ainsi de l’audience !) et que ce qui s’est passé au Zénob a donné effectivement raison à mon discours. Ben, elle n’est peut-être pas trifluvienne…

Vendredi le 26 Octobre 2001
Réjean Bonenfant
117 rue Bonaventure
Trois-Rivières, Qc, G9A 2A9

Rejean,
C’est chiant mettre tous les accents, donc j’en ai mis quelques-uns seulement. « J'essaie quand même, te citant et tentant de te répondre. - paria à Trois-Rivières: c'est faire beaucoup d'honneur au Festival et à ses directeurs. Trois-Rivières est aussi autre chose. » C’est pas du tout clair ce que tu veux dire. Peut être que tu voulais dire que c’est faire beaucoup d’honneur a moi? Et peut-être ben que tu as raison la. M’en fous de la préférence sexuelle. Désolé si je t’ai offensé la-dessus. Ce qui m’intéresse c’est la vérité des choses par-dessus tout. J’espère que ça te va pas trop mauvais le cœur. Je fais pas mal d’exos en ce moment car je suis toujours en bataille quelque part, ce qui n’est pas bon pour la santé. Je suis convaincu que ceux qui ne luttent pas pour quelque chose de passionnant vivent plus longtemps que les combattants en gros. Pour moi, les vieillards sont pour la plupart des passifs. Passif ne m’embête pas trop, c’est plutôt l’hypocrite qui m’embête, celui qui passe pour oser quand il n’ose pas. Un poète par définition ne peut être passif. Oui, je sais bien que la plupart des « poètes » le sont. Je t’en voie ci-joint un paquet de poèmes, BDs et mon journal du Festi. Peut-être en lisant le dernier tu comprendras mieux la chose dissidente en ce qui me concerne… peut-être pas. Il semble que chaque fois je t’envoie un courrier, c’est « irrepondable. » Ben, on peut rigoler la-dessus, n’est-ce pas ? Mais j’ai fait un poème avec cette idée d’irrepondable. Bien qu’au début du texte il semble être sur toi, il ne l’est pas du tout. Si tu publie un de mes textes… chouette. Sinon, c’est ben la vie. Ca me surprend si ta revue me publie tout de même pour des raisons plus qu’évidentes. La chose poésie au Québec, je trouve quand-même perturbant. Ben ça tu vas lire dans mon journal. C’est bien que tes dénonciations se dirigent vers les postes. C’est pas mal. Tout de même je préfère diriger les miennes contre les individus de chair et os. Pour moi, c’est tellement rafraîchissant lire Villon car lui il a nommé les connards… pas les postes. Neruda l’a fait également. A mon avis, ce n’est pas généralement le poste qui est mal, mais plutôt les individus qui l’occupe. Comme je t’ai dit, ça m’embête pas qu’on ne partage pas le même avis sur tout. Le dialogue c’est ce qui m’intéresse. Chuis pas du tout d’ac avec toi vis a vis des poèmes qui durent. Je regarde pas mal de ces anthologies de poésie de chez nous et il y a tellement de marde poétique qui dure, dure, et redure. C’est sans doute pareil au Québec. Moi, chuis plutôt d’avis que beaucoup de poèmes puissants ont été ensevelis dans le vide a jamais… car c’était des poèmes puissants qui dérangeaient les pouvoirs. Ce sont les mandarins lettrés/universitaires qui décident ce qui dure et ce qui ne dure pas. C’est assez simple cela. Ce sont les gars comme Gaston qui décide et lui n’est même pas poète. Souvent c’est même pas la qualité du poème qui compte (mais la qualité qu’est-ce que c’est quand-même?). Pour Gaston, par exemple, c’est le fait que le poète vient de la Roumanie et était consul roumain a Montréal qui compte. J’espère que tu comprends ce que je dis la. Parfois oui un poème de qualité est choisi pour la survie. Ca arrive. En fait, on ne s’est même pas vu après ce dimanche ou on m’a coupé le micro. Donc tu ne m’as rien raconté sur ce qui s’est passe a Peloquin. Je n’aime pas tellement sa poésie… trop fourrée de connerie macho. Pourquoi il doit nous raconter qu’il baise a droite et a gauche. Je m’en fous de sa vie sexuelle. Qu’est-ce qu’il y a dans sa tête… ça m’intéresse… et je trouve pas bp la dedans. Tout de même il devrait avoir le droit de s’exprimer. Pourrais-tu me raconter ce qui lui est passe? Ca m’intéresse. « Et puis, c'est son [Guy] gagne-pain bordel. Et Gaston, c'est celui qui paye. » Oui, et je trouve ça triste. On ensevelit ses idéaux pour bouffer mieux. J’en ai vu trop d’universitaires ici aux USA qui ferment leur gueule de mouton à cause du boulot. C’est une excuse non valable a mon avis. Les poètes et les universitaires doivent parler franc plus que d’autres gens. Ceux qui ne le font pas sont des traîtres a la vérité. La réalité c’est pas être monoparental deux fois pour Guy… c’est être mouton et lâche tout simplement. (Très bon bouquin venant du Québec, L’Autruche, ou quelque chose comme ça. Il regroupe des essais de jeunes québécois sur la moutonnerie. Excellent ouvrage!) Moi, j’ouvre la gueule et m’en fous du boulot… plus ou moins. Il y a toujours de petits travails. Les idéaux avant le matérialisme ! Comme tu le sais. Boisvert m’a pas mal decu. Ce me sera très difficile maintenant de lire sa poésie… maintenant que je connais le type. Je ne peux pas séparer le poème du poète. Merci pour ta réponse, Rejean. Que le soleil brille sur toi! T’es pas obligé de répondre tout de suite ou jamais.
G. Tod

Subj: Re: G. Tod
Date: Mon, 22 Oct 2001 6:18:56 PM Eastern Daylight Time
From: Réjean
To:

Un bonjour un peu tardif à Tod Slone because j'ai dû me reposer de ce festival cardiaque que je suis C'est une lettre inrépondable que tu m'as écrit là. J'essaie quand même, te citant et tentant de te répondre. - paria à Trois-Rivières: c'est faire beaucoup d'honneur au Festival et à ses directeurs. Trois-Rivières est aussi autre chose. - veux-tu toujours un texte inédit? Bien oui, voyons. Une invitation, c'est une invitation. Nous avons un comité de rédaction qui accepte ou refuse les textes. Si le poème est bon c'est sûr qu'il est publié - tu es pas mal cosmopolite: je ne suis pas sûr de comprendre. La direction du festival estime que je suis un visage à quelques faces parce que mes haines et dénonciations ne visent jamais les individus mais les postes qu'ils occupent. Et moi, je la salue, la direction du festival. Cosmopolite? Si tu fais allusion à une orientation sexuelle autre que la tienne, et puis sait-on avec qui tu fais bang-bang?, fais-tu allusion à la question que tu as posée à Rita D. à l'hôtel? Je ne vois pas l'intérêt que cela puisse avoir. Tu aurais dû me poser à moi cette question, si cela te concernait d'une quelconque façon. Enfin, elle savait, mais ça ne la regardait pas. C'est peut-être pas ça non plus, cosmopolite. Est-ce qu'on s'entend pour universel? - les poètes doivent être courtois? : quand je fais un poème, j'essaie qu'il soit encore lisible dans cent ans. Les mandarins passent et les poèmes durent. Pour ce qui est de la controverse, j'ai une nette préférence pour les journaux et les lettres d'opinion qui ont l'avantage de porter les débats sur une scène élargie, forcément plus objective. - pas un seul poète présent n'ose rouspéter : nous avons à peu près tous appris la chose qu'au lendemain de l'empêchement de parole. Je t'avais pourtant raconté ce qui est arrivé à Claude Péloquin il y a deux ans. Je sentais que ça s'en venait pour toi. Pour ce qui est de Guy Marchamps, il m'a aussi fermé le micro vers la fin d'un off. Je l'ai regardé dans les yeux, et il a remis le son. Et puis, c'est son gagne-pain bordel. Et Gaston, c'est celui qui paye. On peut pas blâmer un gars pour qui on vient tous de faire un spectacle-bénéfice afin que sa librairie passe l'hiver de ne pas vouloir déplaire à son patron. Il est monoparental deux fois. Il a besoin de ses sous. Après ça, il n'y a plus rien à dire à ce sujet.
- je me suis beaucoup amusé: nous aussi, mon cher Tod. Tu y as apporté une voix que tu étais le seul à pouvoir apporter.
- les groupies à la con de Boisvert: c'est assez unanime à Trois-Rivières ces jours-ci, Boisvert a été la grande redécouverte de ce festival, il a été à la hauteur de lui-même. Dans l'ensemble, les poètes étrangers, c'est le qu'en dira-t-on qui le dit, ont été jugés plus faibles que les poètes québécois. J'ai dit étrangers, pas américains.
- l'adresse de Rita Dupont: je ne l'ai pas. Quand je la verrai je la lui demanderai et te la communiquerai.
Bon, bien sûr que j'aimerais lire ton journal de Trois-Rivières. Et que j'attendrai ton texte pour une éventuelle parution dans Les Soirs Rouges.
Pour l'envoi:
Réjean Bonenfant, 117 rue Bonaventure, Trois_rivières, Qc, G9A 2A9
Sur ce long bavardage, je te quitte. Je reçois Carl Lacharité, Pierre Labrie, Véronique Marcotte et Paul Dallaire ici ce soir. Porte-toi bien. À bientôt.
Réjean Bonenfant

Subj: G. Tod
Date: Mon, 15 Oct 2001 12:15:45 PM Eastern Daylight Time
From: Enmarge
To: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca

Mon cher Réjean Bonenfant: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca
Chuis paria maintenant à Trois-Rivières à cause de ma manifestation d’émotion pas tout à fait poète-automate? Veux-tu toujours un texte inedit? Mais comment le faire publier. Je sens que les mandarins de l’édition au Québec se consistent en un ramassis de petits Duplessis. Ben c’est pas terrible chez moi non plus. De toute façon, tu étais très sympathique avec moi et je te remercie pour cela. Evidemment, tu es pas mal cosmopolite. Moi, comme tu le sais déjà, chuis poète maudit… donc pas toujours courtois et parfois coléreux en public. Quand-même qui a dicté que les poètes doivent être courtois par-dessus tout? Ah, oui, les mandarins! Moi, je ne parle pas COURTOIS! Je parle FRANC! Merde aux mandarins! Maryse et Gaston tout de même m’ont assuré à plusieurs reprises que les poètes invités pourraient dire ce qu’ils voulaient. Mais est-ce vrai quand un de leurs «maîtres» m’interdit de lire au Zénob dimanche soir le 7 octobre… et pas un seul poète présent n’ose rouspéter en ma faveur… c’est-à-dire en faveur de la liberté de la parole! Quelle honte pour les poètes invités… ton cher Boisvert y compris! Est-ce vrai quand ils ne m’invitent pas de nouveau ou quand Le Nouvelliste refuse de faire mention des poètes contestataires de samedi soir à la Grande Soirée? Désolé, Réjean, mais si Trois-Rivières est la capitale de la poésie, la poésie est carrément moribonde-courtoise et archi-obéissante aux mandarins du complexe industriel académique/littéraire. Les poètes que j’ai pu rencontrer au Festival m’ont beaucoup déçus pour la plupart… et sûrement moi je les ai déçus également bien qu’autrement. Tout de même je me suis beaucoup amusé pendant le Festival même dimanche soir quand on m’a retiré la liberté de la parole. J’ai beau essayé de secouer Boisvert ce soir-là mais lui se contente de s’entourer de membres seulement, c’est-à-dire de groupies à la con, et quel dommage pour lui. J’ai beau essayé de lui ouvrir les yeux à son propre état de vendu… vendu à ceux qui le paient comme le Festival, les éditeurs et l’état péquiste (oui, libéral pour le moment) même qui le subventionne. Jamais il ne deviendrait grand poète. Désole pour lui. Sans doute j’étais précisément ce qu’avait besoin le Festival… mais malheureusement au lieu d’écouter mon message on a préféré me moquer comme à fait Guy et l’autre imbécile barbichu d’animateur qui a proclamé que lui, c’est le maître. Il confirme ce qui a dit notre cher Léo: “La poésie fout l'camp Villon! y'a qu'du néant sous du néon…“ Réjean, tu veux toujours quelques textes inédits de moi? Si oui, fais-moi signe. Je t’engueulerai pas si ta réponse est négative. Car ce sera aussi confirmation. Donne-moi ton adresse comme ça je pourrais les envoyer tout propres. Sinon, que le silence règne… comme dans les réunions de poètes. Si oui, qu’est-ce que t’en ferais avec? J’aimerais t’envoyer également mon journal des 12 jours passés à Trois-Rivières… lu et corrigé bien que non approuvé. Il brûle de condamnation. A propos, tu pourrais m’envoyer l’adresse de Rita Dupont? Elle est très sympa et j’aimerais la remercier. En fin de compte, je ne suis pas du tout amer. Au contraire, ça me manque déjà ta ville. Et quelle expérience voir de près les poètes…
Meilleures amitiés,
G. Tod Slone

Subj: Re: Que les avis contraires soient écrasés dans le silence...
Date: 12/26/01 12:41:49 PM Eastern Standard Time
From: Enmarge
To: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca

Salut Rejean,
Pour tes chères archives nationales dont je fais partie maintenant grâce à toi (du moins que tu jettes à la poubelle la correspondance qui perturbe), tu sembles oublier que je t'ai déjà raconté que j'ai écrit 5 romans et 2 pièces de théâtre, ainsi que plus de mille poèmes. L'un de ces romans sera publié dans les mois prochains par une femme que je n'ai jamais rencontrée… et à ses frais. Je suis également en train d'écrire un sixième roman sur mes expériences comme prof d'anglais à bord le USS Bataan l'hiver dernier. Tu vois, j'ai quand-même pas mal d'expériences (7 années en France, soudeur dans un chantier naval, 11 années comme traducteur au 24 Heures du Mans, contrôleur de fonds bancaires pour le FDIC, prof d'école secondaire, prof de fac, moniteur de radiations à une base de sous-marins, recenseur pour le gouvernement, écrivain pigiste-ben oui, on m'a payé pour des chroniques hebdomadaires sur des sujets critiques, c-a-d " nombrilistes " comme tu les qualifie si dédaigneusement.) A propos de l'indépendantisme, j'ai toujours trouvé que Mordecai Richtler a soulevé des polémiques pertinentes qui ont pas mal gêné aux séparatistes qui n'y ont pas répondu de façon intelligente. De toute manière, à mon avis, l'échec du mouvement séparatiste d'aujourd'hui peut être expliqué moins par les méchants anglophones qu'aux suivants : 1. les méchants autochtones, 2. les méchants immigrés surtout à Montréal, 3. les méchants financiers pures laines québécois avaricieux et friqués, et 4. les méchants politicards pures laines québécois indépendantistes trop assoiffés du pouvoir. Qu'en pense-tu ? Ben oui, ton avis m'intéresse. C'est pourquoi je t'écris. Les Québécois, tu sais, ne sont pas connus pour être particulièrement ouverts aux étrangers… grâce sans doute à l'emprise de l'église des années d'avant les années 60s. En fait, je vais poser la question suivante à mes étudiantes noires : Pourquoi vous aimez tant les USA ? Chuis curieux. Oui, oui, je sais que la curiosité c'est aussi sans doute à ton avis un trait " adolescent. " A cet égard, tu me sors quelque chose de vraiment incroyable. Tu ne veux pas retirer ce que tu as dit ? " Les défis, c'est pour les adolescents. Apprends à vieillir avant que tous tes cheveux ne soient blancs. " Je suis d'accord avec ce que tu dis là mais seulement en tant qu'observation et non pas comme prescription. L'un des problèmes majeurs confrontant notre grande société mondialiste capitaliste, c'est sûrement que beaucoup trop d'adultes arrêtent de mettre les défis. Et c'est surtout navrant en ce qui concerne les adultes écrivains. Et pourquoi donc arrêtent-ils d'en mettre si ce n'est pas pour la simple raison que le Système les achète leur jeunesse ? Ben oui, il n'a pas encore acheté la mienne. Tu dois vraiment détester les critiques ! Désigner le criticisme comme manifestation de nombrilisme c'est un concept tout à fait bizarre… à mon avis. Sur une autre note, je ne me vois aucunement comme quelqu'un d' " incompris " comme tu dis. Au contraire, je trouve que les gens me comprennent très bien. Le problème c'est que ce que je dis les perturbe profondément car les impliquant. Je l'ai vu au Festival, par exemple. J'ai vu dans leurs gueules combien ils ont été perturbés... ceux qui ont été acheté par le Système. Non, Rejean, désolé, mais cela n'a rien à voir avec le fait d'être incompris ni avec celui de manquer de la " confiance " comme tu m'accuses. Au contraire, j'ai plein de confiance que ce que je dis c'est vrai, c'est ben trop vrai. Les gens qui se sentent tellement bien dans leur peau en plein milieu de notre société tellement corrupteur et hypocrite, c'est plutôt vous qui avez besoin de "thérapies. " Moi, je suis assez fort, c'est pourquoi je continue et continuerai à vous marteler. Je ne veux pas me joindre à vous en prenant de fortes doses de Prozac. Non, merci, je préfère m'adhérer aux principes d'un Ibsen qu'à cela. Je te laisse avec les mots suivants tirés directement de An Enemy of the People. Lis-les s'il te plait et réfléchis. Je te souhaite également et sincèrement une meilleure année 2002.
G. Tod
The most insidious enemy of truth and freedom among us is the solid majority. Yes, the damned, solid, liberal majority-that's it! The majority is never right. I say, never! That's one of those social lies that any free man who thinks for himself has to rebel against. Who makes up the majority in any country-the intelligent, or the stupid? […] The majority has the might-unhappily-but it lacks the right. The right is with me, and the other few, the solitary individuals. The minority is always right. All these majority-truths are like last year's salt meat-like rancid, tainted pork. And there's the cause of all the moral scurvy that's raging around us.

Subj: Re: Que les avis contraires soient écrasés dans le silence...
Date: 12/25/01 9:58:31 PM Eastern Standard Time
From: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca (Rejean)
To: Enmarge@aol.com

Salut Tod,
Tu ne parles que de toi-même, mon cher Tod, grand incompris, et qui serait vraiment mécontent d'être compris.. J'aimetrais te dire qu'il existe un monde en dehors de ton nombril. La critique pourrait te faire reluire le nombril, mon cher Tod, mais ça te mènerait à quoi? La vraie vie, dis-moi, ça t'intéresse? Qu'est-ce que tu en as à foutre à dénoncer? Fais ton oeuvre et on verra. Et nous verrons. Tu ne parles que des autres. Ils auront toujours un avantage sur toi, ils ont fait une oeuvre, de fiction, de poésie. Toi, tu ne parles que des oeuvres des autres. Et n'essaie pas de jouer de pitié et de commisération surannée, dis ce que tu as dans les tripes, hormis la colère d'être incompris. Tu es en train de te couler, d'avoir envoyé pareil pamphlet à autant d'éditeurs. Réduis un peu ton égo et existe sans les autres. Il n'y arien d'autre à dire, tu n'existes que dans le commentaire que tu fais. As-tu besoin à ce point que les autres te mettent au monde? Nous en avons vu d'autres. Les défis, c'est pour les adolescents. Apprends à vieillir avant que tous tes cheveux ne soient blancs. Et si c'est le seul discours que tu sois capable de tenir, je t'exempte de me répondre. Je vieillis et je n'ai plus de temps à perdre avec ceux qui font profession d'être incompris. Compris? La bêtise se doit d'avoir des limites. Il y a des thérapies qui existent pour se donner un minimum de confiance en soi. Et pour aimer le monde. Et pour l'aimer assez pour daigner écrire pour lui. Vraiment, je suis très content de t'avoir connu. Mais ne m'écris que si tu es encore capable d'étonner, de m'étonner. Lâche tes vieux discours sinon moi, je lâche tout simplement. Je te souhaite une meilleure année 2002.
Réjean Bonenfant

Subj: Que les avis contraires soient écrasés dans le silence...
Date: 12/25/01 7:50:02 PM Eastern Standard Time
From: Enmarge
To: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca

PS: Oui, oui, la tête continue a voyager dans la polémique. Mais je dois dire que c'est plus qu'évident que ton souhait de joyeux noël sonne faux. Pourquoi tu sonnes si faux, Rejean ? Pourquoi t'es si content que ma critique n'arrive aucunement a percer au Québec ? C'est ça ta conception de la liberté de l'expression ? Oui, évidemment c'est le cas… et c'est tout à fait pitoyable. Que les avis contraires soient écrasés dans le silence, c'est non seulement ton optique mais aussi, de toute évidence, celle de tout le gang littéraire de chez toi... et que c'est tellement pitoyable, tellement autocratique, tellement pure laine ! Votre littérature va devenir de plus en plus artificielle…
Subj: Du deja vu au Quebec
Date: 12/25/01 7:24:03 PM Eastern Standard Time
From: Enmarge
To: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca

Rejean,
Oui, joyeux brouhaha a toi également. Consommons comme des porcs ! J'aimerais bien voir Le Livre noir du Canada francais écrit par un indépendantiste québécois! Ca m'intéresserait ! J'ai pu lire des parties de ce bouquin a l'Internet… du déjà vu et lu pour la plupart. Séparez-vous, bon Dieu ! Pourquoi ne pas établir un petit état quelque part a l'intérieur du Québec pour commencer ? Mais tu sais aussi bien que moi que c'est le fric qui empêche l'indépendance… le fric et l'avarice des québécois friqués et pas mal hypocrites !
G. Tod

Subj: Re: Que tal amiguito?
Date: 12/25/01 12:43:52 PM Eastern Standard Time
From: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca (Rejean)
To: Enmarge@aol.com

Bonjour Tod
Je veux te souhaiter un Heureux Noël de paix et de tranquilité dans la totale acceptation de ce que tu es et de ce que tu as, entouré des tiens qui sont certes plus importants que tout texte que nous pouvons avoir publié. Je te souhaite également de bien belles choses pour la nouvelle année qui s'en vient. Je me mets d'ici quelques jours à la lecture d'un livre reçu en cadeau hier soir, le livre d'un grand contestataire qui vient de publier aux Intouchables un pamphlet intitulé Le Livre noir du Canada anglais. Il y a laissé son job. Il s'agit de Normand Lester, journaliste à Radio-Canada. Je te souhaite une bonne journée.
Réjean Bonenfant

Subj: Que tal amiguito?
Date: 12/25/01 11:47:15 AM Eastern Standard Time
From: Enmarge
To: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca

Rejean,
CONTRAOFENSIVA
Si a uno
le dan
palos de ciego
la única
respuesta eficaz
es dar
palos
de vidente.
--Mario Benedetti

Cela m'est impossible de trouver un éditeur ou même revue dans ton cher Québec. Mais tout cela n'est pas du tout surprenant. Voici la lettre de défi que j'ai envoyée au suivant. Joyeux Noel.
G. Tod

Lettre défit… pour la poesie québécoise Cher éditeur, Puis-je vous intéresser à un manuscrit comprenant un journal, des poèmes et des bandes dessinées très critiques, inédits créés autour de mon expérience comme poète invité au Festival International de la Poésie de Trois-Rivières il y a quasiment deux mois ? En fait, j'ai été le poète de loin le plus controversé cette année au Festival parmi les 150 invités en étant le seul à oser dire ses quatre vérités. J'ai déjà beau essayé de faire publier mes écrits polémiques dans les revues connectées aux 'poètes-gérants' du Festival, y compris Estuaire, Exit, Lèvres urbaines et Art Le Sabord. En fait, est-ce qu'il existe des revues non connectées à ces gens-là au Québec ? Mon impression c'est que la poésie au Québec est une affaire tout à fait incestueuse. Il y a toujours les mêmes poètes dans les revues. Ils se publient les uns les autres. Ils se félicitent les uns les autres. Il doit y avoir des poètes maudits (i.e., révoltés) au Québec qui n'arrivent jamais à se faire publier. Si l'on critique l'un ou plusieurs de ces 'poètes-gérants,' c'est pas foutu pour le poète qui les critique ? Oui, il y a les poètes indépendantistes mais ils ne critiquent jamais la main littéraire qui les nourrit, n'est-ce pas ? Dites-moi que j'ai tort. L'inceste ne produit jamais de littérature impressionnante. J'ai donc peur pour la poésie au Québec. C'est l'université qui la contrôle sans doute ou directement ou indirectement. C'est pareil ici aux USA, sauf qu'il existe tout de même un réseau de petites revues non subventionnées bien qu'elles aient des moyens de distribution très restreints. Moi, par exemple, je suis éditeur de The American Dissident. Enfin, c'est fort possible que mes écrits ne vous intéressent pas car ils sont évidemment trop hors de la Norme, c'est-à-dire trop proche de la vérité. Vous vous direz probablement que la qualité n'est pas assez bonne ou quelque chose de pareil. Mais pouvez-vous vraiment renier la véracité inscrite dans mes poèmes et mon journal que je vous enverrai tout de suite si cela vous intéresse ? A propos de la littérature québécoise, elle m'attire énormément durant les trente dernières années… mais déjà moins aujourd'hui. Fides L'interligne Liaison L'instant même JCL Écrits des Hautes-Terres Boréal Médiaspaul Vents d'Ouest Du Noroît Humanitas Septentrion Varia Revue Riviere (Fort Kent) Balzac-Le Griot Editions Groupe Ville-Marie Gallimard L'Oie de Cravan Flammarion Quebec Hurtubise HMH Editions Editions la liberte Glanures, Editions des NR Effet pourpres, Editions Humanitas Editions Libre espression Les Editions l'Interligne NR Loup de gouttieres Lescop Editions Editions Logique Edition Perce-neige NR Presses de l'univ de Montreal Presses de l'univ. d'Ottawa Presses univ. de T-R Editions Tryptique Editions Trois-Pistoles Vermillon Editions Vents d'ouest Ville-Marie Litterature Poesie-quebecoise.org Les Editions Traits-Union Cite ouverte Festival littéraire Northrop Frye (Moncton) Festival Littéraire Metropolis Bleu (Montreal)
Subj: Quelques mots de Trois-Rivières Date: Fri, 23 Nov 2001 2:34:33 PM Eastern Standard Time From: Réjean To:
Mon cher Tod, en ce 23 novembre 2001 J’ai reçu hier ton deuxième envoi. Je n’avais pas eu le temps d’accuser réception du premier. Le problème, c’est que tu écris plus vite que je ne lis. Alors, excuse ce retard. J’avais retenu, pour fins de publication dans les Soirs Rouges, ton texte intitulé Après la bataille…retour à la solitude. Le comité de rédaction était d’accord, mais il n’y avait plus de place dans ce numéro. Nous avons ainsi dû retirer quatre autres participations. J’aurais aimé que ton texte y soit car il constituait une belle dérive dans le Trois-Rivières déserté et il faisait un bel écho à un texte de David Hewitt, un poète invité au Festival et venu de la Nouvelle-Écosse, qui évoquait également l’après festival. Je ne sais si nous pourrons le publier dans l’un de nos prochains numéros car le prochain portera sur la relève. En plus de textes de nouveaux poètes, nous ouvrirons également nos pages à un commentaire sur l’enseignement de la création poétique. Que valent les ateliers de création? Est-ce que cela s’enseigne, ou s’apprend, l’écriture de la poésie? Je ne sais si de tels ateliers sont une spécificité québécoise. Il y en a peut-être aussi chez toi. Si tu as un petit mot à dire là-dessus, tu peux m’envoyer un feuillet. Ce n’est pas pour t’agacer mais j’ajoute que tu es très fort en théorie, tu en as sur tout ce qui bouge. Ha Ha. Ce numéro sortira fin février. Je n’ai pas le goût de réutiliser le mot " irrépondable " car, en te lisant, j’aurais quelque chose à te répondre à peu près à toutes les trois lignes. Par exemple, ta définition de poète. Moi, je suis un romancier d’abord qui s’est commis une vingtaine de fois dans la publication de poèmes. Jamais un recueil. Je travaille depuis près de dix ans à mon premier recueil. J’ai publié un recueil de nouvelles, quatre romans, et j’ai dirigé cinq ou six collectifs. Je considère que je suis chanceux dans la vie. À la fin des années soixante-dix, j’avais envoyé mon premier manuscrit à trois éditeurs… et les trois avaient accepté mon roman. J’étais très flatté, naturellement. Et puis les bonnes critiques sont venues, parfois des critiques plus réticentes. Je me suis totalement libéré de l’emprise de la critique sur moi quand la lettre d’une lectrice anonyme m’annonçait qu’en lisant mon livre, une jeune fille de dix-sept ans avait décidé de mettre son enfant au monde au lieu de se faire avorter. Je n’avais jamais parlé d’avortement dans mon livre; mais l’instinct de vie et l’instinct de mort s’y battaient furieusement. Nous avons fêté les vingt-deux ans de son fils l’an passé. Il y a longtemps, elle m’avait murmuré, après quelques années d’échanges par lettre que j’étais en quelque sorte son père. Je te raconte ça pour te dire que j’écris pour le vrai monde et non pour les gens qui eux savent écrire. Et qui le font. Pour moi, et c’est peut-être un peu prétentieux, je prête mes mots à ceux qui n’ont pas de mots pour le dire, selon la formule de Marie Cardinal. Cela m’amène à te dire que dans tes courriers, tu ne parles jamais des lecteurs. Du public. Du vrai monde, comme dirait Michel Tremblay. Les seules réactions qui semblent t’intéresser sont celles des poètes présents qui, on le sait, ne s’écoutent même pas. Tu portes en toi une haine viscérale de l’institution et tu n’y entres jamais. C’est un choix peut-être adolescent que d’ainsi pratiquer l’incompréhension et forcément l’auto-exclusion. L’auto-proclamation de poète maudit. J’ai le plus grand des respects pour les poètes maudits, qu’on a maudits. Ainsi, j’adore les Bukovsky, Rimbaud, Vanier, Brel, Gainsbourg, Ginsberg, et aussi Boisvert.. Moi, j’ai fait le pari de rentrer dans l’institution –on n’a pas le choix quand un éditeur publie un de tes livres- mais je me fais une petite gloire personnelle de ne pas avoir été avalé par le système. Il y a beaucoup de débats qui m’apparaissent tout à fait vains. Et la vie m’est trop précieuse, mes secondes mêmes, pour que je m’investisse encore dans des causes qui me mobilisent entièrement, qui m’empêchent de dormir, qui m’attirent des inimitiés et que je contemple un an plus tard en replaçant tout cela dans une perspective qui me fait parfois sourire. Mais il y a des principes encore pour lesquels je laisserais ma peau. Tu parles ex cathedra –et j’admire quelque part ta superbe- et sache qu’il m’arrive parfois encore de m’engager. Je sais qu’alors mes coups portent. Je ne suis pas partisan des esclandres et autres batailles d’Hernani, mais quand il le faut, il le faut. Ainsi, l’an passé, Gaston avait été fort mécontent de la tenue d’un off festival au Maquisart. Il avait distribué une lettre absolument épouvantable dans laquelle il " interdisait " finement à tous les poètes étrangers non pas seulement d’y participer mais aussi d’y assister. Du tordage de bras. Et tout cela pour le principe sacro-saint du respect de ses commanditaires officiels. Il en avait profité pour vilipender Manu Trudel et Fabiola Toupin, les organisateurs, dans le journal local, au lendemain du festival Il les avait nommés. C’était écrit dans le journal. Les pères des deux susnommés étaient en hostie. Ça parlait diffamation et poursuites légales. Je leur ai proposé d’orchestrer une petite réaction. D’abord une lettre ouverte de Manu et Fabi, mise au point absolument irréfutable dans laquelle ils avaient l’obligeance de désigner Maryse et Gaston en termes de " la direction du festival ". Puis, un avocat m’a envoyé une lettre outrée dans laquelle il dénonçait la lettre de Gaston en termes de privation des droits de la personne. Avec son autorisation, je l’ai envoyée aux journaux. De plus, je tenais une chronique internet sur Rabaska.com. Alors là, j’y ai mis le paquet. J’ai annoncé au monde entier que le respect des commanditaires, la direction du festival ne l’avait pas non plus. L’histoire de la poutre et de la paille. (Tu pourrais lire mon texte qui est toujours en ligne sur le site Rabaska.com : le texte s’intitule Une tempête dans deux verres d’eau J’y proclamais que la direction du festival n’avait pas mis dans le programme officiel le logo du Conseil des Arts et Lettres du Québec. Et c’était leur principal bailleur de fonds. Pas les cigarettes ni la bière, le CALQ. Avec mon accord, mon éditeur Rabaska a établi un hyperlien qui révélait que le CALQ leur avait donné au-delà de 80,000$ et un autre hyperlien pour montrer les conditions d’utilisation de la subvention : OBLIGATION d’assurer la visibilité du CALQ dans les programmes et autres imprimés, sinon, plus de subvention. Alors, il y eu des gens de son conseil d’administration à Gaston qui sont venus aux sources, qui m’ont demandé le dossier. Et c’est là que les affronts, parfois publics, ont commencé. Avec Gaston, les choses se sont tassées, on se connaît depuis trente ans. 14 mois plus tard, Maryse me boude, ne me regarde pas, ne me salue plus, dit au propriétaire du Maquisart que je suis un visage à deux faces. Je t’avoue que c’est difficile, mais j’apprends à vivre avec ça. Ayant quelques amis au Ministère de la Culture, je sais maintenant que Gaston a tout fait, pour le dernier festival, pour ne pas mettre à nouveau la mention du CALQ. En le mettant, il me donnait raison. Il a négocié fort. Finalement, la sentence est tombée : pas de subvention s’il n’y a pas une page consacrée au CALQ. Et Gaston a cédé car il n’y aurait pas eu de festival. Vois-tu, je ne considère même pas que j’ai gagné, je suis encore outré qu’on ait invoqué le respect des commanditaires (alors que la vraie raison c’est que Gaston ne peut sentir Manu car ce dernier chante et Gaston dit que ce n’est pas de la poésie). J’ai utilisé " son " procédé. Au printemps dernier, lors d’une soirée bien arrosée au cours de laquelle nous avions vidé la question, Gaston et moi, il avait osé prétendre que l’avocat en question n’existait pas. Sa lettre au Nouvelliste était partie de mon fax, Gaston le savait car le pdg du Nouvelliste est sur son conseil d’administration. J’avais dit à Gaston que, si ça arrivait, je le lui présenterais un bon jour. Il m’avait mis au défi de le faire, convaincu qu’il était que c’est moi qui avait écrit la lettre ouverte. Or, un bon soir du dernier festival, alors que Mr Tod lisait au micro, Me Pierre Saint-Laurent d’Outremont est venu me trouver. Il a bien ri quand il a appris que Gaston croyait qu’il n’existait pas. Non, je ne suis pas allé présenter Pierre à Gaston. Je le lui ai plutôt désigné dans la foule. L’avocat, qui fait six pieds et demi est allé taper sur l’épaule de notre directeur bien-aimé , qui avait l’air d’un pygmée auprès de ce géant : • Pardon, est-ce que vous êtes Gaston Bellemare? • Euh..oui, et vous… • Moi je suis maître Pierre Saint-Laurent, d’Outremont. • Euh… • Je tenais juste à vous dire que j’existe • OK OK… • Et Gaston lui a tourné le dos précipitamment et a écouté la fin de ton intervention. Quand Gaston, plus tard, m’a lancé un regard, je lui ai souri. Il savait que je savais. On n’a même pas eu besoin d’en parler. Quand je sais que j’ai raison, je n’ai pas ce besoin maladif qu’on me le dise. Et ce serait interminable de te raconter les putchs que nous avons fait un jour à la Société des Écrivains de la Mauricie, un autre pour le Salon du Livre… et encore un autre au Conseil régional de la Culture et des Communications. Et je ne suis pas le seul à dénoncer, nous sommes nombreux. Et toi tu débarques ici et tu juges, tu proclames, tu mets tous les poussins dans le même panier, Et tu ne connais rien des combats de Guy Marchamps à l’UNEQ et ailleurs, et tu ne sais pas les belles batailles d’Éric Roberge à Exit, et de Carl Lacharité à l’Eskabel. Il existe, Tod, qu’on le veuille ou non, des lecteurs pour les revues que tu décries. Et c’est ça le public. Il y a d’autre monde que les poètes dans la vie… et c’est pour eux que les poètes existent. Être poète et courtois? Où elle est l’antinomie? Le respect a sa place partout. On a le droit de crier dans un micro… mais c’est un droit qui s’use vite quand on crie tout le temps. J’ai enseigné au-delà de vingt ans. J’avais fait une colère, une vraie, à ma première année d’enseignement. Je n’ai plus jamais eu à en faire. On savait. On savait que j’étais capable d’en faire. La force de la tradition orale. Au-delà des mots qui sont prononcés, il y a empêchement physique, une tolérance zéro qui risque de s’installer quand quelqu’un vocifère, peu importe ce qu’il dit. Et ça fait partie du respect, de la courtoisie, et même de la poésie, que d’utiliser sa voix pour ce qu’elle est, un instrument qu’il faut utiliser dans tous ses registres, ses intonations, ses inflexions parfois subtiles… mais je te vois venir! Alors voilà : LE MESSAGE. Tu ne parles que de contenus. Nous sommes bien loin l’un de l’autre à ce chapitre. Après Blanchot et quelques autres, je suis assez convaincu que tout a été dit. Point. L’art, la littérature, la poésie… réside désormais dans la façon. On a vite fait le tour de l’amour et de la mort. Je suis maintenant convaincu que tout est une figure de l’amour et de la mort. Quoi dire qui ne l’a pas été? C’est là que l’image, la façon, le rythme, la prosodie et mets-en, c’est là qu’un poème devient beau, utile, nécessaire, incontournable. Car, s’il est vrai que tout a été dit, ce TOUT n’a pas été dit par MOI. Et c’est là tout le travail du créateur, pas les jérémiades mille fois entendues, les récriminations confuses ou encore les louanges castratrices. Le discours sur la poésie n’est pas de la poésie. La poésie a ses maisons d’éditions, ses récitals, ses lectures, ses festivals…ce que tu dénonces. C’est ton assiette. Pourquoi utiliserait-on un festival " de poésie " pour tenir des discours? Le discours sur la poésie bénéficie d’autant de tribunes : l’enseignement, les débats, les colloques, les thèses, les critiques journalistiques ou en revues, les revues savantes et universitaires, etc… J’ai organisé un débat il y a quelques mois sur La faillite de la fiction : les livres ont-ils rempli leur promesse de changer la vie? Ça a brassé. Des échanges musclés. Et il fallait le faire. Puis, chacun s’en est retourné écrire. Dans sa solitude. Pourquoi n’inventerais-tu pas un festival du " discours sur la poésie ". La place est libre. Crée-la. Sinon, c’est comme si je me faisais engager à la revue Playboy pour parler de biologie, des organes et du cancer du sein. C'’est ce que tu fais. L’inceste littéraire à Trois-Rivières? Il y a forcément une promiscuité qui s’installe quand on vit près les uns des autres. Et peut-être des renvois d’ascenseur. La question véritable est celle-ci : moi, qu’est-ce que je fais avec ça? Je laisse Bernard Pozier publier son 34e livre sur 35 dans " sa " maison d’édition, je laisse les gens vivre leur vie. C’est lui qui se pénalise à la longue. Quand trois ou quatre éditeurs sérieux reconnaissent ton travail et investissent dans toi, ça me paraît un gage de nécessité pour un livre. Quant à moi, il m’est arrivé de refuser des textes du temps que j’étais à la rédaction du Sabord. Des textes d’amis. L’un d’eux m’a déjà lancé une bouteille vide en plein bar. La liste serait longue. Et Serge Mongrain m’a déjà accosté à l’Embuscade en me disant : tu n’aimes pas ce que je fais? Tu n’aimes pas ce que j’écris? c’est de la merde, moi, ce que je fais? Il venait de se voir refuser une subvention au Ministère de la Culture, par un jury sur lequel j’avais siégé. Il avait trop bu pour que je commence à lui expliquer que lorsque on se trouve devant trente dossiers et projets d’écrivains et que vingt-cinq d’entre eux mériteraient une bourse alors qu’on a cinq bourses à attribuer, on se triture les entrailles. Et que ma question ultime n’est pas de savoir si tel auteur aura du beurre sur sa table la semaine suivante… c’est plutôt si son livre fait " avancer " la littérature. Pour couper court, je lui avais dit qu’il y en a qui ont de la plus belle merde que d’autres. Et vlan dans les gencives. Quelques mois plus tard, je lui ai montré comment remplir un formulaire de demande de subvention. C’est technique. Comment parler de son œuvre, montrer ses points forts sans être prétentieux, comment expliquer que le livre à faire s’inscrit dans une œuvre , ce qu’il va apporter de nouveau, etc.. Depuis, il a reçu au moins deux subventions. Il y a quelques mois, il a siégé sur ce même jury. Disons qu’il chiâle moins, que lui aussi a refusé des bourses. C’est pour te dire que l’institution, on peut choisir de la détester et de la décrier. On peut y entrer dignement et demeurer digne toute une vie…. Et tenter de l’améliorer La promiscuité sert surtout à autre chose. On se côtoie beaucoup. Quand on termine un manuscrit, on se le prête, on demande à un tel de l’annoter, de suggérer des choses, de nous signaler certaines faiblesses. Et un autre le fait aussi. Et encore un troisième lecteur. Quand on retravaille notre manuscrit, on a une nouvelle confiance. Et puis, on sait très bien maintenant que les vrais comités de lecture chez les éditeurs sont à peu près inexistants. Mais tout se sait. Et pas seulement à Trois-Rivières. Les éditeurs de Montréal savent très bien que lorsqu’ils reçoivent un manuscrit de Réjean Bonenfant, il y a les Gérald Gaudet, Monique Juteau Louis Jacob et d’autres qui l’on lu auparavant et l’ont annoté. C’est souvent du gâteau pour un éditeur. C’est connu, les écrivains font de plus en plus le travail des éditeurs : la couverture, le texte sur disquette, rédaction de la quatrième de couverture, etc… Ainsi, mon cher Tod, depuis juillet, je suis en train de lire mon treizième manuscrit : celui de Louise Lacoursière sur Anne Stillman, cette Américaine excentrique. Mais il a peut-être aussi un peu d’inceste. Si je prépare un collectif, j’ai le droit fondamental d’inviter un ami écrivain pour m’aider. C’est comme un pêcheur qui invite un de ses amis pour une semaine de pêche. Ce que tu dis des revues est également à l’emporte-pièce. Crois-tu que le dernier numéro d’estuaire aurait présenté un de mes poèmes si sa direction n’était pas tout à fait indépendante des Écrits des Forges. Jean-Paul n’a pas demandé la permission à Maryse pour m’y inviter. On devine quelle aurait été sa réponse. Gaston administre ces revues, il en est le distributeur. Les comités de direction sont indépendants. Comme l’est Moebius d’avec les éditions Tryptique, comme l’était la revue Liberté d’avec les Éditions de l’Hexagone. La seule revue entièrement faite à Trois-Rivières, c’est le Sabord. Ils ont leur distributeur. Aucun lien avec les Écrits des Forges. Et le Sabord est distribué dans huit pays. Il n’y a pas que les Écrits des Forges à Trois-Rivières, et son Festival. À la Société des Écrivains de la Mauricie, nous avons notre revue, à 200 copies, les Soirs Rouges. Le dernier numéro comporte des poèmes venus de six pays : les auteurs retenus, sauf un, étaient des invités de la SEM l’été passé au moment des Jeux de la Francophonie. Un seul, Hewitt, était un invité de Gaston. Bon, je commence à être fatigué. Un petit mot sur les prix littéraires (en passant, ta caricature est très bonne.) J’ai siégé à quelques reprises sur de tels jurys. Il est rare que quelqu’un défende à tout crin son poulain. Il y a habituellement discussion jusqu’à ce qu’il y ait unanimité. Il m’a fallu 22 ans de publications avant que je ne reçoive mon premier prix : le Prix à la Création artistique du CALQ, 5000$, il y a quelques mois. Je ne connaissais personne de ce jury. Pour le même livre, les Vendredis amoureux, je viens de recevoir le Prix des Bibliothèques publiques. Ce sont les lecteurs de quinze bibliothèques qui proposent des œuvres. On m’a remis ce prix, il y quelques semaines, une fabuleuse sculpture de verre et de cuivre de France Pagé. À cette occasion, lors d’une entrevue à Radio-Canada, suite aux félicitations de l’animatrice, j’ai spécifié que ce n’était pas moi qui recevais un prix mais mon livre. Cela lui permet une deuxième vie. Ce livre s’est donc mérité deux prix, mais aussi la critique la plus injurieuse que j’aie eu en 22 ans. Celle du poète Hugues Corriveau, dans Lettres Québécoises qui commence son texte, de mémoire : " Quiconque connaît Réjean Bonenfant conviendra que c’est un type charmant, de commerce agréable, avec qui la discussion est aisée…. Mais hélas, il écrit " Je ne sais s’il attendait une réaction de ma part. Il n’y en a pas eu. Ce genre de critique est plus dure pour lui que pour moi. Il est descendu tellement bas qu’il y est seul. Je te raconte ça pour te dire que moi aussi je ne fais pas l’unanimité autour de moi. Mais, vois-tu, la controverse, il en faut parfois. Quand on lui enlève toute sa gangue d’orgueil et de peur du qu’en dira-t-on, quand on la départage de nos frustrations, il n’en reste souvent pas grand-chose. Bon assez placoté. Il y aussi la vie qui continue, les sous qui se font rares cette semaine, cette belle-sœur cancéreuse que j’ai hospitalisée hier, ce spectacle dont j’ai écrit le livret qui sera présenté à 1200 personnes demain soir, et l’heure du lunch qui est dépassée depuis deux heures. Alors, je te souhaite le bonjour mon cher Tod. À bientôt. Réjean B P.S. : Ah oui, Paul-Marie Lapointe, n’est pas une fille. Il rirait beaucoup s’il savait. RIPOSTE… en garde… et touche !
Rejean, Au Quebec, la poesie est concentrationnaire. Elle n’a d’yeux que pour les fleurs. Le contexte d’humus et de fermentation qui fait la vie n’est pas dans le texte. On a rogne les ailes a l’albatros en lui laissant juste ce qu’il faut de moignons pour s’ebattre dans la basse-cour litteraire. Les mots sont de Ferre (sauf Quebec). Okay, mon cher Rejean, c’est le fun. La Guerre, Yes Sir ! J’evite les accents. Je pense qu’ils ne passent pas par l’Internet. J’ai raison ? Bon, on dialogue. C’est bien. Mais j’ai peur que ce que j’ai a dire aille te mettre en mauvaise humeur… comme l’hiver dernier… tu te rappelles ? Ha ha. Ta lettre etait forte. Mais moi j’aime bien ca. Toi, tu m’as dit tes 4 verites. Bravo et je t’en sais gre… vraiment ! Evidemment, mes poemes t’impliquent et te font chier du moins assez chier pour ecrire une longue lettre denonciatrice. Mieux ca que de t’endormir comme m’ont fait quasiment tous les quebecois invites presents au Festival. Ils savent faire dormir les gars de chez toi… presque aussi bien que les gars de chez moi. C’est dommage que tu refuses de saisir mon message que la litterature quebecoise souffre a cause de l’inceste et surtout de trop de subsides de la part des pouvoirs. Tu refuses de comprendre car effectivement tu fais partie de ce que j’appelle le Complexe Academico-Litteraire Industriel. Pourtant c’est tellement facile a comprendre. On critique… vraiment critique… et on te fout dehors. Toi, evidemment tu etais d’accord avec Marchamps—j’ai bien aime ce poeme inspire de grace a toi—et Boisvert—j’ai bien aime itou le poeme inspire de lui. Veux-tu leur donner un exemplaire de ces deux poemes ? Ha ha. Mais qu’est-ce que j’ai pu observer ce dimanche-la au Zenob ? J’ai pu observer que quand on m’a coupe le micro et que je l’ai fait savoir a tous les poetes presents que tous presents s’en foutaient bien… y compris Guy Marchamps qui me traitait de Stud Slone, Boisvert et toi. Toi tu n’as rien foutu… et merde ! Et ben dis donc… « je te vois venir » pour utiliser tes mots. Mais je te comprends pas. Pourquoi tu as aide les deux dissidents de l’annee derniere et rien fait pour moi ? Ah, tu les connais sans doute. Mais tu n’as pas donc de principes… seulement un cercle d’amis ? Tu t’en fous de la liberte de la parole ? Ben, ce dimanche-la me dit que oui. Tu m’ecris : « Ce n’est pas pour t’agacer mais j’ajoute que tu es très fort en théorie, tu en as sur tout ce qui bouge. Ha Ha. » Oui, ben ca m’agace mais j’ai tellement l’habitude de cette reaction archi-commune que ca m’agace pas beaucoup aujourd’hui. Critiquer et on te traite de clown, d’énergumène, de faux expert en theorie ou de simple colereux. C’est banal ! Tu m’ecris : « ta définition de poète. » Ben, ma definition ? La poesie est devenue si fade aujourd’hui si vide de RISQUE si comme l’a decrite Ferre en France, si anodin. Ma definition? Un poeme qui ne risque rien, c’est un poeme sans risque. Tu m’ecris : « je prête mes mots à ceux qui n’ont pas de mots pour le dire. » Un peu banal ca et bourgeois… comme si les prolos quebecois ne peuvent ecrire. Mais nous sommes l’an 2001 quand-meme ! Je pense qu’ils ecrivent et te diraient de garder tes mots ! Tu m’ecris : « Les seules réactions qui semblent t’intéresser sont celles des poètes présents qui, on le sait, ne s’écoutent même pas. Tu portes en toi une haine viscérale de l’institution et tu n’y entres jamais. » Ben tu sais bien qu’ils m’ont bien ecoute ! J’avais un temoin avec moi. T’es pas un jaloux peut-etre ? Ah, ben pas toi et surtout pas d’un pauvre type comme moi… qui ose te critiquer. Mais toi, tu m’as dit que tu n’as jamais applaudi si fort ! Encore je ne comprends pas. Haine ? Pas vraiment. Tu vois comme tu qualifies toujours mes critiques d’un qualificatif derogatif legerement voile. C’est banal ca! Haine ? Non. Mais je n’aime pas l’hyprocrisie. C’est pas forcement une haine. Je la combats. Ca non plus n’est pas forcement signe de haine. Moi je pourrais facilement dire que toi tu exprimes de la HAINE legerement voilee vis a vis de ceux qui critiquent ta Machine. Mais c’est pas ma facon d’eviter le debat moyennant un simple qualificatif pejoratif. Tu m’ecris : « mais je me fais une petite gloire personnelle de ne pas avoir été avalé par le système. » Tu connais des gars qui AVOUENT etre avales ? Moi, j’en connais pas, mais je connais tellement d’avales ! Bon, je pense que tu es bloque… tu n’arrives pas a lire mes textes… tu refuses de les lire. Pour toi, mes textes sont GUEULEMENT. C’est tout. Mais ca me surprend pas. C’est la meme histoire ici… quand on critique les mandarins… ces des GUEULEMENTS… c’est tout. Tu vois, en les qualifiant comme ca on n’est pas oblige (intellectuellement par curiosite) de les lire. T’es pas agent d’Yves Prefontaine ? « Je suis maintenant convaincu que tout est une figure de l’amour et de la mort. » J’ai mange a cote de lui et ce que j’ai pu voir c’est un gars qui a battu peut-etre bien que sans doute jamais seul, qui est maintenant tout complaisant dans la vie. Je ne peux pas lire ce mec… il est archi-ennuyeux. Il pue tout ce qui est bourgeois. Gaston d’ailleurs ! Tu m’ecris : « C’est là que l’image, la façon, le rythme, la prosodie et mets-en, c’est là qu’un poème devient beau, utile, nécessaire, incontournable. » Je ne suis pas contre toute la fioriture (la forme) mais je suis contre le tas de poemes quebecois qui ne sont que fioritures. « Utile » ? Dis donc ! Utile a quoi ? Bon dieu, apres lecture, qu’est-ils ont dit ces poetes? Pas grand-chose. Je suis en train de lire une anthologie (Ecrits des Forges) et qu’est-ce qu’elle est emmerdante… ennuyeuse a faire bailler. Mais comme tu as dit c’est quasiment pas la peine de disputer avec toi la-dessus. Toi, tu es fana de Gautier. Tu m’ecris : « Le discours sur la poésie n’est pas de la poésie. La poésie a ses maisons d’éditions, ses récitals, ses lectures, ses festivals…ce que tu dénonces. C’est ton assiette. Pourquoi utiliserait-on un festival " de poésie " pour tenir des discours? » Pas du tout d’accord avec toi. Et encore tu n’arrives pas a voir ce que je dis. Je ne denonce pas ces choses-la. Je denonce la corruption intellectuelle qui se trouve inevitablement la-dedans. Il y a une difference. Et c’est mon droit de citoyen libre de denoncer. Et ben oui c’est ton droit de m’appeler superflu, du deja vu, Stud Slone ou quoi que ce soit car j’ai ose denoncer. Donc toi, tu refuses tout poeme polemique. En fait, toi tu dirais que c’est meme pas des poemes. Ferre en a fait des poemes polemiques (c-a-d ou se trouve discours). Villon, Parra, Neruda, Jeffers et tellement d’autres poetes connus. Donc toi tu les prohiberais de lire leurs poemes polemiques a ton Festival International de la Poesie ? Ah, peut-etre pas car ils sont connus. C’est peut-etre bien toi qui cherches a definir la poesie dans les restreintes de tes paradigmes, c-a-d de ceux de la Machine qui te felicite periodiquement. Tu m’ecris : « Pourquoi n’inventerais-tu pas un festival du " discours sur la poésie ". La place est libre. » Ben, j’ai pas les fonds. On refuse de m’accorder des subsides. Et je ne suis pas leader. Je suis poete maudit. Et oui, je porte ce titre avec fierte… poete maudit. C’est moi car contre la Machine. Trouver des commanditaires ? Tu m’ecris : « Sinon, c’est comme si je me faisais engager à la revue Playboy pour parler de biologie, des organes et du cancer du sein. C'est ce que tu fais. » Ca c’est du bullshit ! C’est toi qui cherches a delimiter la poesie a la forme sans substance. Mes poemes critiquent. Donc pour toi c’est pas des poemes. Oh, c’est facile ca. Mes poemes critiquent M. le Dictateur, donc M. le Dictateur dit que ce ne sont pas des poemes et je n’ai pas le droit de les lire aux Festis. Oh, c’est facile ca. A propos, pourquoi Gaston m’a invite ? Je ne comprends toujours pas. Il se sentait coupable pour l’annee d’avant ? En fait, pourquoi toi tu m’as demande des textes inedits ? Je ne comprends toujours pas. Pour me dire oui puis ben desole mais pas de place ? Tu m’ecris : « Quand trois ou quatre éditeurs sérieux reconnaissent ton travail et investissent dans toi, ça me paraît un gage de nécessité pour un livre. » Oh la. J’aime bien ca « editeurs serieux. » Ca fait Gaston ! Mais qui sont les juges qui jugent les juges ? Le fric ! Oui, c’est ca le gage. Le fric. C’est comme Harry Potter… ca gagne du fric ! Mais c’est quand-meme une merde. Donc je rejette le fric comme mesure de la bonne poesie. Car la poesie qui vend bien c’est inevitablement de la merde. Tu m’ecris : « par un jury sur lequel j’avais siégé. » Mais qui sont les juges… Toi tu refuses de comprendre ce ver mais les jeunes au Zenob l’ont bien compris. Je peux dire avec fierte que personne n’a jamais demande ma presence comme membre de jury litteraire. Le terme en soi est ridicule. Tu m’ecris : « c’est plutôt si son livre fait " avancer " la littérature. » Belle phrase, mais qui sont les jugent qui vont juger si ca avance ou ca ne l’avance pas ? Essaie, stp, de comprendre ce qui est plus qu’evident. Tu refuses de voir que la plupart des ecrivains publies au Quebec ou ailleurs sont des gens qui n’ont pas ose de vraiment critiquer, de vraiment ouvrir les yeux. Des gens sympas pour la plupart mais sans couilles. Tout ca tombe bien dans le paradigme quebeco-americain de litterature HAPPY CULTURE. Ca divertit le peuple de la corruption de leurs maitres ! Tu m’ecris : « Depuis, il a reçu au moins deux subventions. Il y a quelques mois, il a siégé sur ce même jury. Disons qu’il chiâle moins, que lui aussi a refusé des bourses. » Dommage et comme j’ai dit dans l’un de mes poemes ‘que vous etes facilement achete, vous poetes.’ Mais tu refuses de comprendre. On ne va jamais m’acheter comme ils ont achete ton ami… avec FRIC et RECOGNITION DOUTEUSE. Que c’est pitoyable, ton ami ! Tu m’ecris : « C’est pour te dire que l’institution, on peut choisir de la détester et de la décrier. On peut y entrer dignement et demeurer digne toute une vie…. Et tenter de l’améliorer. » Mais quelle connerie ! C’est irrepondable ! Dis ca a Marcos ou a Che Guevara ou a Celine. Pour moi Celine a ecrit le meilleur roman dans toute l’histoire litteraire… VOYAGE. Il n’y a pas grand-chose apres ca. « Dignement » c’est un mot bourgeois… car ce sont les bourgeois qui determinent ce qui est digne et ce qui ne l’est pas. Dignement veut dire PAS CRITIQUER. C’est simple. DISCOURTOIS veut dire critiquer. C’est simple. Mon chere Rejean, que c’est drole de lire ton discours en faveur de l’inceste litteraire chez toi. Mais c’est egalement triste… du moins pour moi. Encore chez toi, c’est le NAME GAME. Et quand on a un NOM on peut faire et on fait publier n’importe quelle merde. Desole mais ce dernier numero de l’Estuaire n’etait pas tres excitant en depit de son sujet. Ce sont des petites batailles a l’interieur de ton cercle incestueux… toi et Gaston/Maryse. Mais j’ai lu ton poeme. Ca ne menace Gaston ni sa Machine aucunement. Pourquoi donc est-ce qu’il aurait tente de le rejeter ? Mets un poeme comme l’un des miens la-dedans. Ben voilà, le defi pour ton ami Daoust (l’inceste !!!). Daoust ne me mettrait jamais car mes poemes l’impliquent. Ce qui est triste c’est que tes revues ne publient sans doute jamais de commentaire archi critique. Dans chaque numero du American Dissident, les commentaires les plus dures (d’habitude faits par bourgeois a l’aise) contre le AD sont publies. C’est ma responsabilite d’editeur. Tu m’ecris : « Et le Sabord est distribué dans huit pays. Il n’y a pas que les Écrits des Forges à Trois-Rivières, et son Festival. » LE FRIC ! LES COMMANDITAIRES QUI COMMANDENT BCBG ! Desole mais j’ai pas les moyens de faire publier le AD dans huit pays. « Le dernier numéro comporte des poèmes venus de six pays. » Je m’en fous de la quantite des pays des invites si tous les poetes sont des vendus, c-a-d des poetes « contents dans notre monde » (Ferre)! Publie une douzaine d’Americains y compris celle que tu designes un peu folle. Qu’importe si folle veut dire bien inseree et jamais critiquer la Machine qui la paie ! La poesie est largement bouffee et digeree par les pouvoirs. La preuve c’est que la poesie pour la poesie est de loin la poesie qu’on publie… dans les journaux papier de luxe. On a tue des poetes dans d’autres pays comme Lorca et Saro-Wiwa, par exemple. Tu penses que c’est car ils ont ecrit des poemes l’art pour l’art ? Bien sur que non. Ils ont fortement critiquer dans leurs poemes les regimes hypocrites! Tu m’ecris : « …le Prix à la Création artistique du CALQ, 5000$, il y a quelques mois. Je ne connaissais personne de ce jury. » Felicitations… mais tu refuses de comprendre : qui sont les juges qui jugent ? Ca n’a rien a voir s’ils te connaissent ou te connaissent pas. L’important c’est que tu ecris ce qu’ils veulent lire. C’est facile ca. Pourquoi tu refuses de le comprendre ? Ils veulent lire l’anodin… soit l’anodin homosexuel, hetero, ou meme incestueux. Qu’importe si ca ne derange pas l’infrastructure de la Machine ? Ben oui, les corporations se sont rendu compte que homosexuel n’est pas menace a l’infrastructure. Que l’homosexuel etait aussi facilement cooptable que n’importe qui d’autre, y compris Noir. Tu ecris : « Ce sont les lecteurs de quinze bibliothèques qui proposent des œuvres. » Ca c’est bel et bien... mais si—et c’est sans doute probable—que ces lecteurs sont comme ceux devant qui j’ai lu dans les divers restaus bourgeois a T-R, ca ne dit pas grand-chose sur ton bouquin. « la critique la plus injurieuse que j’aie eu en 22 ans. » Ben, il y a toujours de l’espoir ! C’est pourquoi je lutte contre cette grosse Machine qui te recompense si souvent. «Je ne sais s’il attendait une réaction de ma part. Il n’y en a pas eu. » Peut-etre il n’y avait rien a dire… qu’il avait raison ! Mais tu vois ta reaction devient trop typique : « Il est descendu tellement bas qu’il y est seul. » Dire ces quatre verites n’est pas forcement descendre bas bien que oui on puisse se terminer seul vu la puissance de la masse conformante! Oh la la. Tu ecris : « Ah oui, Paul-Marie Lapointe, n’est pas une fille. Il rirait beaucoup s’il savait. » Desole pour la faute. Mais dommage que tu n’as pas vu la connerie. On le cite pour la brochure du Festi… et puis moi je le cite pour mon truc anti-brochure. Qui est ce type ? Grand Chevaucheux ? Ca tu peux lui dire de ma part ! Et c’est dommage qu’ils ont choisi un ver tellement fade et anodin. Et lui ne dirait rien bien sur… C’est encore un joueur de la Machine… non pas un poete serieux. En fait, je suis content que j’eprouve, au contraire de toi, tellement de difficultes de me faire publier… car qu’est-ce que ca me donne un EDGE. Tout ceci dit, je ne porte aucune rancune vers toi. Comme je t’ai dit t’es sympa. Je t’aime bien, mon cher Rejean. C’est dommage que toi, Boisvert, Marchamps et d’autres contestaires de Trois-Rivieres ont choisi de ne pas me coopter dans votre lutte contre l’hypocrisie… si en fait, vous luttez. C’est dommage qu’en verite vous souhaitiez que je disparaisse. Tant pis. Il y a toujours Montreal…ma ville, ta ville, MON RE AL… (Charlebois). G. Tod PS : Oui, sur l’enseignement de la création poétique, j’en ai deja ecrit pas mal. Mais pourquoi t’envoyer ca si je sais d’avance que ce que j’ai a dire serait beaucoup trop fort pour toi, ton comite et la Machine ? Enfin de compte, t’as compris mon texte « Apres bataille » ? Le vrai sens de ce poeme, c’etait qu’apres le depart des poetes, la vraie poesie s’entendait et se voyait! J’aimerais bien rencontrer Falardeau ! Au contraire de ton Boisvert, lui possede des huevos !
Subj: Même pas une réplique, un petit passe-temps Date: Wed, 28 Nov 2001 3:37:45 PM Eastern Standard Time From: Réjean To:
Salut mon cher Tod Je vois que ta paranoïa n'est pas du tout en phase terminale. Ça semble te garder en vie. On va bien s'entendre -et ce n'est même pas un idéal- mais ce que je pense de la critique, c'est de faire partager la beauté et la nécessité d'une oeuvre. Même contestataire, l'oeuvre. La vie est trop courte pour descendre ce que précisément d'autres personnes, des incultes et des tarés naturellement, osent aimer. Il n'y a que dans les mots croisés et dans tes oeuvres, disons ton discours, que critiquer signifie encore éreinter. Reviens-en de la bataille de Waterloo, tu sais, quand une personne t'a coupé le micro. Vous êtes environ deux personnes et demie à avoir eu connaissance de L'ÉVÉNEMENT. Essaie de banaliser cela un peu, cela nous est tous arrivé, et en pire. Tu agis comme un alcolo qui a besoin d'exciter le rejet pour s'autoriser à être ce qu'il est. Et à continuer à boire. Selon mon bon souvenir -et il n'est pas si mauvais, mon alzheimer se repose- c'est le jeudi ou vendredi soir que Guy M. a modifié ton nom. Il n'a pas dit Stud Slone, mais plutôt Slod Stone. La quantité du liquide ingurgité par toi et qui a modifié quelque peu ta démarche nous a autorisé à en rire. Et je ne m'en excuse pas. J'ai pris le parti de défendre deux personnes l'an passé. Et cette année, je ne t'ai pas défendu. La belle affaire. Je n'ai pas l'habitude de me répéter autant que tu le fais, mais je te répéterai que j'ai su la petite aventure du micro le lundi ou mardi suivant. Ce dimanche soir, je l'ai passé à parler avec Claude Beausoleil. L'an passé il y avait deux victimes, d'une situation précise. Avec toi cette année, et ta hargne légendaire et atavique qui exclut du bon sens tous ceux qui ne sont pas toi-même, je ne m'aurais pas senti la force. Et je ne voyais pas l'intérêt. Ne crois pas me fâcher quand tu dis que je suis bourgeois: Renaud les a dénoncés tant qu'il n'a pas eu son chauffeur privé. Et je connais un candidat à la bourgeoisie, tout à fait américain. La différence entre les dénonciations de Boisvert et les tiennes c'est que lui ose critiquer l'action historique des Américains dans un conflit comme celui du 11 septembre et que toi, tu dénonces le manque de tain de ton nombril que tu crois partager avec tous. Mais, ton nombril, mon cher Tod, c'est seulement ton nombril. Tu prétends que mes lecteurs, s'ils parlaient, me diraient de garder mes mots pour moi. J'ai, malheureusement pour toi, de nombreux témoignages que je garde pour moi et qui se retrouveront peut-être un jour aux Archives Nationales. Et qui infirmeront tes dires. Et que tu le veuilles ou non, (je joue ici à Tod Slone Illimité), les lecteurs de demain y trouveront également cette curieuse correspondance que nous avons tous les deux. Tu vois, la célébrité, c'est une question de temps. Je te souhaite de me survivre pour être témoin de cela de ton vivant. Crisse que je m'amuse. Et puis Ferré, tu pourrais peut-être le laisser se reposer un peu. Tu l'invoques à toutes tes sauces. Ce qu'il a dit, il l'a dit. Point n'est besoin de le répéter ad nauseam aux incultes que nous sommes. Je commence à être allergique, non pas à lui, mais à son nom. Pour ce qui est des raisons de Gaston de t'inviter à son festival, tu m'as envoyé, dans ton journal du Festival, sa commande précise. Et il t'a dit qu'il te paierait pour des poèmes. Quand on est pas capable de remplir un contrat, on ne le signe pas. Oh! oh! ç me fait étrange de défendre Gaston. Ce n'était pas une joke quand je t'invitais à fonder ton propre festival de critique de la poésie. Il ne fallait pas te déguiser en poète, t'accaparer du micro des poètes, jouer le jeu de la chambre d'hôtel et tout le tralala. Tu avais, si tu avais vraiment des huevos toi aussi, à empêcher la tenue de ce festival. Tu as préféré recevoir le fric et chier sur le monde après. C'est ton droit. Mais toute l'humanité n'en pense pas moins. Je t'inviterais, grand contestataire que tu es, à revoir tes classiques. Qu'est-ce qu'ils font les surréalistes à l'enterrement d'Anatole France? Ils volent son cadavre et le promènent dans les rues de Paris et menacent de le jeter du haut d'un pont qui surplombe la Seine. "Même mort, ce type n'a pas le droit de faire des cendres!" Et vlan dans les huevos de la bourgeoisie. Tu admettras qu'ils avaient du panache. Et ils étaient d'une efficacité autre que l'autre qu'il pleurniche parce qu'on lui a enlevé sa sucette, oh pardon, son micro. Tu reliras aussi Nadeau quand il parle du Banquet Polti. Du grand art, mon cher Tod. Tu affirmes que tu n'es pas un leader. Et tu en es inconsolable. Tu devrais apprendre à discriminer quelque peu. Il y a deus sortes de leaders : ceux qui ont de l'autorité et ceux qui sont des autorités. En dépit de ce que tu penses, je me range, j'essaie du moins, d'`être dans la deuxième catégorie. Peut-être que tu n'a qu'usé ta parole en la travestissanr en cri. On se lasse de tout. Tu n'es pas même un empêcheur de danser en rond. Et tu ne le prends pas. Tu prends le rejet que tu vis, face à l'institution, pour un gage de génie, et d'unicité. Tu veux être le Sauveur de qui au juste. Moi, je ne trouve pas que tu es un poète maudit. Tu es peut-être un peu poète, je ne suis pas un spécialiste, mais je suis prêt à t'accorder le bénéfice du doute. Sinon, t'es un maudit bon gars, comme des dizaines d'autres personnes que je connais. . Quand tu juges un poète par un de ses vers que tu n'as pas aimé, quand tu dis ne plus vouloir lire un poète qui t'a déçu comme individu, tu sacrifies à ta propre légende. Tu as raison d'aimer Le Voyage au bout de la Nuit. Mais comment bon Dieu peux-tu lire quelqu'un qui a sympathisé avec les Allemands pendant la deuxième guère? et qui était antisémite? et, tant qu'à y être, qui écrivait sous un nom d'emprunt? C'est très rare mon cher Tod que tu aies trois lignes qui résistent à l'analyse. Et puis, comme que ne sembles pas avoir compris le sens de mes applaudissements à un de tes textes, je vais te le dire ici : c'était la première fois que j'entendais ce texte, et j'avais admiré ta performance. Ta superbe. J'avais cru en ta colère. La deuxième ou troisième écoute, avec ses pauses aux mêmes endroits, avec l'évidente recherche d'effets et le souci de la théâtralisation, quand ce n'était pas le haussement du volume pour faire une montée qui ne pouvait qu'engendrer un déluge d'applaudissements, eh bien, tout cela mon cher Tod ne me fait plus applaudir que d'une seule main. Et pour ton texte que nous n'avons pas publié -sais-tu, j'avais compris que Trois-Rivières s'était purifié suite au départ des poètes- je ne suis pas le rédacteur en chef des Soirs Rouges. Dis-moi, est-ce que j'aurais dû dire à Pierre Labrie :eh, c'est mon pote, tu lui trouves un petit coin. Il n'y a que dans ta tête que ça se passe comme cela. Bon, je dois te quitter puisque j'ai un texte à remettre pour ce soir à une revue pour laquelle je suis correspondant. Je me suis aiguisé les doigts. J'avais prévu et espéré faire une petite colère en t'écrivant. J'ai encore raté mon coup. Je te lis toujours avec plaisir. Amitiés, Réjean B.
Subj: Un peu de logique, stp, mon tabarnak!!! Date: Fri, 30 Nov 2001 9:10:20 AM Eastern Standard Time From: Enmarge To: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca
Rejean. Bon, ta lettre est encore une attaque. N’oublie pas que tu as commence cette bataille… ou c’etait les textes que je t’ai envoye ? Essaie de repondre a mes reponses a tes assertions. Essaie de le faire sans trop de colere. Relaxe-toi, prends un petit verre. C’est ce que je fais. Oui, tu as dit des choses qui me perturbent. Je l’avoue. Tu peux pas l’avouer de ta part vis a vis de mes textes ? Le probleme c’est que je ne trouve pas de logique dans tes attaques sauf que oui, je l’avoue bien que j’ai bien bu ce soir au Zenob. Je suis tout a fait d’accord avec toi. Mais je n’ai menace personne ! C’est un bar ou on encourage la clientele de boire, n’est-ce pas. Et combien de fric le patron du Zenob en gagne sur le dos de la poesie ? Bonne question, eh ? Regarde ton ami Boisvert. Il etait archi saoul lui-meme. T’es pas d’accord ? Moi, je te reponds avec logique et pas avec bouillonnement d’emotion. Essaie de faire pareil, stp. Quand tu manques de logique dans ton argument tu te ressembles aux petits mandarins quand on les critique. Quand tu preferes jouer le jeu de qualificatifs pejoratifs au lieu du jeu de logique, ca te diminue. Ca indique que la logique n’est pas dans ta faveur. A propos, moi, j’ai un doctorat de l’universite de Nantes (France). Qu’est-ce que tu as comme diplômes ? Tu vois, je peux aussi jouer ce jeu enfantin de qualificatifs pejoratifs. Mais je ne le ferais pas. Barre-moi cette phrase, stp. Je t’ai peut-etre blesse avec la verite comme ce critique de ton roman. Tu refuses de voir que les gens au Festi m’ont bp aime… non pas les petites vedettes poetes comme Prefontaine, des Roches, Roy, Beausoleil ou ton copain Pozier avec ses 35 receuils de merde, mais surtout les jeunes poetes pas encore vendus au Systeme litteraire. Eux, ils voient clair et eux, ils ont du feu dans le sang, non pas le coton de la vie aisee. Meme toi avant que je t’ai critique, tu m’as felicite a plusieurs reprises… et non seulement au debut mais vers la fin du Festival. Contraire a ton accusation, je ne connais rien sur les coups theatrales. Le Festi constituait la troisieme fois dans ma vie que j’ai lu au public. Et peut-etre c’etait mieux comme ca. Prefontaine a sans doute lu 400-1000 fois ou plus et ca se voit trop dans sa gueule pleine d’ennui. Tu vois comme tu changes l’histoire comme aiment faire les mandarins. Oui, oui, oui, les gens m’ont deteste au Festi ! Ca me fait de la peine que ceux au pouvoir refusent la critique avec tant de haine aveuglee comme tu l’as fait a l’egard de la mienne. A propos, je suis en contact avec d’autres quebecois qui etaient au Festi et qui n’ont pas tout d’un coup change d’avis vis a vis de mes lectures… evidemment ce sont des gens moins emotifs que toi. Oui, on a tous un peu de bourgeois dans le sang. Je l’ai. Je l’avoue. Et tu as tout a fait raison de critiquer Renaud ou Ferre d’en avoir. Mais on n’a pas tous de fortes doses bourgeois dans le cerveau. Et c’est la ou se trouve la difference. Moi, j’ai de la hargne et du feu car j’ai pu voir, j’ai pu souffir, les mensonges et hypocrisies des mandarins surtout dans l’enseignement sup. Mais heureusement que cela c’est passe car ca m’a forme comme poete maudit et cogneur. Ca et ce cadeau de voyance m’ont forme comme ecrivain. Oui, j’ai un roman qui sera publie sous quelques mois par un petit editeur que j’ai jamais rencontre. Ce roman c’est base sur mes experiences avec la corruption dans l’enseignement secondaire. C’est un roman qui denonce les pouvoirs. J’en ai ecrit 5 autres romans tous tres critiques de la corruption bourgeoise oligarque. Helas, je cherche toujours un editeur pour les publier. Tu crois qu’un editeur oligarque me les publierait ? Toi, tu penses qu’il n’y a pas de gens corrompues dans les rangs des independentistes quebecois? Pourquoi ton Boisvert ne les critique pas ? Car ils le paient des subsides? La difference entre lui et moi, c’est que je ne me vends pas. Lui, il critique les USA. C’est bien ca. Moi, je le fais aussi. Mais que c’est facile surtout pour lui. Critiquer les gens corrompus dans les rangs independistes, ca prendrait des couilles. Et lui, je pense, qu’il n’en a pas. Ca je l’ai bien vu au Zenob. Peut-etre j’ai tort. Dis-moi que j’ai tort et je le lirais avec plaisir encore une fois. Pourquoi il refuse de critiquer le Systeme litteraire au Quebec ? Il doit le connaître tres bien lui. Mais motus ! Si tu peux pas comprendre ce que j’ecris ici, la logique te manque, Rejean. Et il n’y a rien a faire. Peut-etre que toi t’es meme pas independantiste ? Lis Falardeau ! Lui aussi a quelque chose de brulant dans le sang. Oui, oui, je sais maintenant qu’il a gagne pas mal de fric avec son Elvis II. Mais qu’est-ce qu’il avait du feu dans l’ecriture. Personne.. ni Tremblay ni Godin n’avait ce qu’il a dans l’ecriture. Ben, j’aimais quand-meme enormement un receuil de Raymond Levesque, bp plus que n’importe quoi de Boisvert. Toi et Boisvert devraient lire Orwell, surtout « La Litterature et le Leviathan. » L’orthodoxie tue l’ecriture ! Tu ne peux vraiment voir la corruption dans la Machine litteraire ? Tu ne peux vraiment voir que tes cheres Archives Nationales c’est pour ceux qui plaisent au regime, pas forcement pour ceux qui disent la verite ? C’est dommage pour toi si tu ne comprends pas. Tu me sembles tellement emerveille par les prix litteraires… c’est une merveille enfantine. C’est dommage car ca va t’empecher de te developper en meilleur ecrivain. C’est dommage que tu n’arrives pas a etre serieux vis a vis de notre dialogue. On te critique et tu dois faire le clown pour essayer de me montrer comme clown. Pourquoi tu m’as demande un texte inedit ? Tu refuses de lire ce que j’ecris. C’est agacant. Il n’y a pas de debat, pas de dialogue. Toi, tu continues a me denoncer moyennant qualificatifs derogatoires. C’est dommage. Lire la lettre que tu m’as envoye… c’est bourre de ces qualificatifs et sans aucun argument logique. Slod Stone, Stud Slone, quelle difference? Mais je l’ai entendu. Il jouait avec mon nom pour trouver la bonne sonorite. Le Zenob c’est un bar ou on boit. Dis-donc t’es pas un peu con de m’accuser d’avoir bu ? Ben, oui j’ai bien arrose ma gueule… comme ton mec poulin Boisvert. Je ne suis pas violent. Je n’ai agresse personne avec violence. C’est un bar, mon vieux, c’est pas le bon bourgeois Four a Bois ou St-Andre. De toute facon, je sais qu’il existe toujours un tas d’excuses pour soutenir le manque d’action. Toi, tu en as ton tas, j’en suis sur que Boisvert a son tas et que Guy avec ses deux filles a faire bouffer a le sien. Toi, tu refuses de voir clair. C’est tout a fait faux ce que tu dis que deux ou trois personnes seul savaient qu’on m’a coupe le micro. C’est faux car j’ai annonce au micro que le type barbichu refuse de me laisser parler. Je l’ai annonce tres fort… la preuve.. toi, tu l’as entendu bel et bien ! Tu refuses de comprendre Parler courtois ou parler franc. Il y a quand-meme une logique ! « Tu vois, la célébrité, c'est une question de temps. Je te souhaite de me survivre pour être témoin de cela de ton vivant. » J’espere que t’es pas serieux la. Je m’en fous des auteurs celebres, soit auteurs bourgeois du Quebec independant ou ceux d’ici. Daniel Steel ? Steven King? Le Carre? Grisham? Harry Potter? C’est des merdes. Beauchemin ? Divertissement pur et simple sans substance aucune. « Et puis Ferré, tu pourrais peut-être le laisser se reposer un peu. Tu l'invoques à toutes tes sauces. Ce qu'il a dit, il l'a dit. » Ben non ! Que t’es marteau! Ce qu’il a dit est meme plus pertinent aujourd’hui que jamais. Ouvres tes yeux ! Lire, stp, Preface ! Que Boisvert la relire! « Et il t'a dit qu'il te paierait pour des poèmes. Quand on est pas capable de remplir un contrat, on ne le signe pas. Oh! oh! ç me fait étrange de défendre Gaston. » C’est pas clair ce que tu dis la. En fait, il ne m’a jamais dit qu’il allait me paye. Je l’ai bp remercie… et lui n’a pas le courage de me repondre. Il ne m’envoie pas cette liste d’adresses des poetes invites. Attention : poete maudit ! Mais tu es tres tres Gaston. Tu ne le vois pas? Vous avez meme gueules similaires. Quel contrat ? Je n’ai jamais signe de contrat! Defense de parler franc ! Ben non, je n’ai pas signe pareille chose. Desole. Tu sembles manquer les faits. Vis a vis de Celine. Oui, je suis au courant de sa connerie. Mais je sais aussi qu’il detestait non seulement les juifs, mais les Nazis, et tout autre groupe. Il etait anarchiste. J’ai bp lu sur sa vie. Je sais bien qu’il a deteste les Nazis. Les juifs ne veulent pas que cela se sache. Oui, lui aussi manquait de logique parfois. Mais son Voyage est bourre de tellement de superbes observations sur l’etre humain, sur la connerie humaine ! Okay, Rejean. Un peu de logique stp. J’attends avec plaisir ta reponse… logique. Essaie de ne pas me lancer qualificatifs. Fais un effort. Tu peux le faire. J’ai confiance. Pourquoi tu n’as pas de subsides ? Ca m’interesse. Est-ce que tu en as cherche? Sinon, pourquoi pas. Je suis gran fana de Falardeau… surtout ces ecrits. J’espere que ca t’embete pas que je dis ca. J’aimais aussi Boisvert mais surtout pas autant que Falardeau. Mais j’ai connu Boisvert au Festival. Et il m’a decu. En fait, j’ai curieusement vu un meme ver banal hier soir dans l’un de ces poemes paraissant dans cette anthologie et l’un des poemes lus par des Roches au Festi sur la cigarette. Tres, tres curieux! « Dis-moi, est-ce que j'aurais dû dire à Pierre Labrie :eh, c'est mon pote, tu lui trouves un petit coin. Il n'y a que dans ta tête que ça se passe comme cela. » Bon Dieu ! T’es completement aveugle. Ben oui, ca se passe comme ca. Tu vas me dire que ton copain Pozier ne fait jamais pareille chose en tant qu’editeur ? Ca se passe ici aux USA. Ca se passe partout ! Ouvre tes yeux sinon pas pour moi… pour toi ! A propos tu veux pas m’envoyer le nom de ce critique que tu aimes pas. J’aime bien me familiariser avec les critiques qui martelent comme Falardeau. « J'avais prévu et espéré faire une petite colère en t'écrivant. J'ai encore raté mon coup. » Tu as raison. Tu ne me mets pas en colere. Tu me decois. C’est pas pareil. G. Tod
Subj: Courte missive cette fois Date: Fri, 30 Nov 2001 12:20:42 PM Eastern Standard Time From: Réjean To: Mon cher Tod Bon, seulement quelques mots, la dernière fois m'a grugé beaucoup de temps. Ce n'est pas que je le regrette mais j'ai beaucoup de petites choses à faire actuellement. Nous serions dûs pour une rencontre puisque nous avons tendance à reprendre quasiment le mot à mot de nos lettres et à y répondre. Cependant, je ne sais pas si nous saurions nous écouter. Quelques commentaires sur ce qui émerge du panier. Je sais que ça se fait comme ça, d'inviter des amis comme collaborateurs. Moi, je tente d'être le plus rigoureux possible. Que d'autres ne le soient pas ne me dérange pas vraiment. Les ballons artificiels se dégonflent d'eux-mêmes un jour. Ainsi, lorsque j'étais de l'équipe de rédaction du Sabord, il y a près de vingt ans, j'avais demandé un texte à un de mes amis, et ancien étudiant, et qui avait même fondé le Sabord quelques années auparavant et publié quelques recueils à compte d'auteur (tu as reconnu Guy Marchamps?) et j'avais refusé son texte. Son texte n'était pas digne de lui. J'aime croire que d'autres agissent aussi comme ça.. Même quand je réponds à une commande, que ce soit pour un texte de création ou un commentaire critique, je dis toujours à la personne qui m'a sollicité qu'elle peut l'accepter ou non. Ainsi, il y a quelques jours, on m'a demandé de faire des commentaires critiques pour la revue Liaison, à chacun des numéros. J'ai accepté. Le directeur est Stefan Psenak. Or, le premier livre dont j'ai eu à parler est La beauté de Psenak lui-même. J'ai attendu l'autorisation de son conseil d'administration avant de faire cette critique. Il me semblait un peu déplacé de parler du livre du directeur de la revue. Pour moi, c'était comme tous ces poètes profs de Cegep qui mettent leurs livres, ou encore les livres de leur maison d'édition, au programme d'études. Ça a pris une semaine avant d'avoir ce O.K. La revue va sortir dans 3 semaines et j'ai fait, je crois, abstraction de mon amitié pour Stefan. En autant que faire se peut. Mais ce livre était d'actualité puisqu'il était dans les finalistes au Prix du Gouverneur Général. J'avais certaines restrictions, je les ai dites. Et advienne que pourra. Aux Soirs Rouges, nous avons maintenant une section de commentaires sur les livres. Comme les auteurs des régions ne trouvent pas beaucoup d'échos dans la presse nationale, nous avons décidé qu'à chacune des parutions de la revue, nous parlerions de ce qui s'écrit ici et maintenant. Je me souviens quand j'ai montré à Carl Lacharité la critique que Gérald Gaudet en avait fait et qu'il m'avait fait parvenir de Rome, Carl a dit: "J'espère que ce n'est pas que positif." Il s'agissait d'une critique sérieuse, assez louangeuse, mais avec d'énormes réserves. Surtout en poésie, il y a des jeunes qui n'ont jamais eu de commentaires critiques après la publication de cinq ou six recueils. Ainsi, nous les aidons à se monter un dossier de presse significatif. Avec ça, parfois, ils se décrochent un petit boulot d'agent d'information ou obtiennent un petit poste dans l'enseignement. Dans le dernier numéro, il y a des critiques de Gérald Gaudet (une sommité en entrevues et en critique, notamment au Devoir, jadis, ce qui lui a valu de nombreuses inimitiés); Hélène Thibaux, enseignante et critique à estuaire; et Yves Boisvert qui signe la première critique de sa vie). Si c'est de l'inceste, quand on essaie de mettre en valeur l'oeuvre de l'autre et non pas la sienne, je trouve que c'est un bel inceste. Pour ce qui est des renvois d'ascenseur, ça existe sûrement aussi. Parlant de Boisvert, il me vient une anecdote. Il y a une dizaine d'années, il a reçu le Prix de Poésie du Journal de Montréal. Le seul prix qu'il ait reçu à ma connaissance. J'étais à la remise de prix, à Montréal, tout le gratin et vin blanc à volonté. On est Péladeau et on le montre. Et on donne des prix pour montrer qu'on est sensibles à la Kulture! À preuve, Yves a demandé combien coûtait une pleine page du Journal de Montréal. Le coût s'élevait au même montant de la bourse qu'il venait de recevoir. Il a endossé le chèque et il l'a offert à Péladeau contre la publication d'une pleine page de poésie, dans le Journal de Montréal, tirée du recueil gagnant. Quand on écrit pour le vrai monde, disait Yves, il faut les rejoindre dans leur journal quotidien. Aller vers eux. On se desserrait le noeud de cravate. On avait chaud. On prendrait la chose en délibéré. Tous les arguments étaient en sa faveur. Tu devines bien que cela a été refusé. Alors que le Journal aurait dû en publier pour faire plaisir à son lectorat, ils osaient refuser même s'il payait la page, et cela au même tarif que la publicité. Naturellement, ce prix n'existe plus aujourd'hui. Un petit souvenir concernant Falardeau. Nous l'avons reçu pour un 5 à 7 au Zénob l'an passé. C'était entendu que la Société des Écrivains de la Mauricie paierait son cachet de 200$. Il y a eu méprise avec le proprio du Zénob. Il lui a donné 200$ et, dix minutes plus tard, alors que nous l'emmenions souper au resto, je lui ai remis un chèque de 200$. Qu'il a accepté aussi et mis dans sa poche. Ce n'est que quelques jours plus tard que le proprio du Zénob me demande quand je lui rembourserais le 200$ Alors, il y en a qui ont crié au scandale. Comment Falardeau peut-il accepter à dix minutes d'intervalle deux fois le même paiement? J'argumentais qu'il sortait d'une rencontre animée, qu'il avait la tête ailleurs, etc Finalement, pour ne pas pénaliser nos autres auteurs que nous invitons et surtout pour ne pas créer de précédent, nous avons décidé de lui redemander le chèque de 200$. Ce qu'il a fait avec courtoisie. Je ne crois pas qu'il ait fait cela malicieusement. De l'inattention, tout simplement. C'est à ce moment-là que j'ai vu à quel point les gens aimaient Falardeau. Le 200$ transitait par la SEM mais il venait du ministre Guy Julien, à qui j'avais dit : "vous défendez la même cause, depuis toujours..." Il avait dit oui, et avait même allongé un 100$ supplémentaire pour que nous l'emmenions souper. Sinon, le député Yves Rocheleau (du Bloc Québécois) m'avait aussi offert de lui payer son cachet. Même un postier de ma connaissance voulait le faire. Il me vient une dernière idée. Je crois qu'il faut changer le monde. Par en haut ou par en bas. Avoir voulu le changer par en haut, j'aurais fait de la politique. J'ai plutôt choisi d'y aller par la base, convaincre une seule personne à la fois. Et cette personne va en convaincre une autre à son tour. Et ainsi de suite. C'est pour cela que j'ai transmis ce que je croyais être des valeurs fondamentales à mes enfants. C'est pour cela que j'ai enseigné 22 ans au secondaire pour faire connaître des oeuvres en lesquelles je croyais. C'est pour cela que j'ai écrit quelques livres qui, parfois, changent une seule personne à la fois. C'est aussi pour cela que je fais de l'animation culturelle. Ainsi, pour le 5 décembre, j'ai organisé une lecture publique pour huit poètes de la Relève-il y en a deux dans la quarantaine, il n'y a pas d'âge pour la Relève- au Zénob en soirée. Les 7, 8 et 9 je serai à Montréal: le premier jour pour la réusion du Comité-Trans-Québec sur lequel je siège, le 8 pour le Congrès de l'UNEQ pour lequel j'ai écrit le texte de présentation sur l'atelier des régions et le 9 pour l'Assemblée Générale. Le 8, je vais prendre l'apéro chez Christine Germain et nous allons à un souper d'huîtres ensemble. Je trouve beaucoup de plaisir à me disperser ainsi. Je trouve dommage quand je t'entends me dire que tu as de la difficulté à trouver preneur pour tes textes. Pour ma part, et je te dis cela en toute humilité, je participe 2 ou 3 fois par année au Sabord, 4 fois par année aux Soirs Rouges, maintenant à chacun des numéros de Liaison, une dizaine de fois par année sur le site internet Rabaska, une fois par année à Estuaire ainsi qu'à Moëbius. Je sais que c'est beaucoup. Je ne soumets plus de textes, on me les demande. Quand bien même j'essaierais de me faire croire que je ne fais pas partie de l'institution, je n'y arriverais pas. Mais je me dis que j'entre quelque part dans la philosophie ou la ligne de pensée de telle revue. Je serais incapable de publier à un seul endroit. Quand on publie à une dizaine d'endroits, ce n'est plus un cercle d'amis qui accepte ou refuse mes textes. Je te l'ai peut-être dit mais on vient de me demander un roman chez un éditeur il y a quelques semaines. Un éditeur où je n'ai jamais publié. Cela m'a énormément surpris. Bon, je m'en vais préparer mon dîner. Et j'ai six pouces de belle neige toute blanche à enlever pour sortir de la maison. Je te souhaite une bonne fin de journée. À un autre tantôt. Réjean B.
Rejean, Tu te mens à toi-même et tu crois en tes propres mensonges. C’est pitoyable. Tu as besoin d’un psychiatre. Quand tu dis, par exemple, que « Je me suis totalement libéré de l’emprise de la critique sur moi, » tu te mens royalement. Moi, je t’ai martelé et vu tes réponses t’es pas du tout libéré. T’es trop diaphane, toe. Tu penses vraiment qu’en numérotant tes petites conquêtes a la con au Québec littéraire que ça me rend fou jaloux ? Au contraire, ça me decoit. C’est pas pareil. Toi, tu baises la littérature de ton pays. C’est dommage. Car toi t’as un beau pays mais t’es pas du tout a la hauteur. Il faut qu’on te denonce comme il faut faire a n’importe quel scelerat intellectuel. Bravo pour toi. Et tu parles de nombrilisme ! Encore tu refuses le dialogue car tu n’as rien a dire sauf tes histoires salonardes a faire bailler. Imagines-toe l’un de mes textes dans une de tes nombreuses revues papier de luxe fade. Imagine l’outrance de tes lecteurs BCBG. Tu monologues sur tes soi-disants accomplissements. C’est fatiguant de te lire, mon cher, comme tu aimes dire. Tes romans sont pareils sans doute. Fatiguant. Banals a tuer un joual. J’ai lu ton poeme dans Estuaire et c’etait tout a fait NUL comme celui de Marchamps. On s’en fout des exploits sexuels de vieils hommes a bide ! Tu oses appeler ca de l’erotisme ? NUL. Le numero entier etait NUL. Daoust, c’est NUL. C’est un gai qui ne sait meme pas ce que c’est que d’etre en marge et ca c’est pitoyable ! Et si les quebecois aiment tellement cette litterature vide de feu, c’est peut-etre pas du tout surprenant que t’aies jamais ton etat independant. Et vous pouvez tous chialer ad nauseum. Tu fais mention de Falardeau mais qu’est-ce il est completement le contraire absolu de toi. Lui ose. Toi, tu frequentes les salons. Moi, je prefere denoncer les gens comme toi qui sirotent en bonne compagnie BCBG, alors que la merde c’est partout autour de toi. La poesie c’est pas encourageant au Quebec ! En fait, je vois bien pourquoi Falardeau ne fait jamais de references la-dessus. Trop de poetes sont devenus comme les fats et sots dans la Cour Louis XIV. C’est etonnant que tu portes pas de jupe comme eux autres. Joyeux Noel, M. BCBG litteraire. Qu’importe le nombre de tes textes quand c’est toujours des textes vides, vides, vides… de RISQUE? G. Tod PS: Demandes a Christine ce qu’elle pense de mes textes, mon cher. J’aimerais bien voir si elle est petite hypocrite comme toi ou l’une de ces RARES honnetes comme Falardeau et Raymond Levesque. Tu pourrais toujours me demander qui je connais sur Montreal. Tu sais, il y a des gens qui parlent FRANC dans ce monde. T’as pas l’habitude évidemment. On n’est pas tous des vacuités courtoises qui aiment jouer les jeux de cons dans les coulisses. Demande-moi. Je te le dirais car je m’en fous si tu as le pouvoir d’empêcher qu’on me publie dans ta belle province de putains littéraires. (Ici c’est pareil !) Au contraire, si tu arrives a le faire tu vas tout simplement fournir encore des preuves a mes hypothèses. Et il n’y en a jamais assez de preuves, tu sais ! PPS : Tellement de trous de logique dans ta correspondance. Pourquoi ? C’est ton instruction ? Ou c’est peut-être ton adhérence a ton orthodoxie littéraire ! Regarde ce que tu as écrit : « et il l'a offert à Péladeau contre la publication d'une pleine page de poésie, dans le Journal de Montréal, tirée du recueil gagnant. Quand on écrit pour le vrai monde, disait Yves, il faut les rejoindre dans leur journal quotidien. Aller vers eux. On se desserrait le noeud de cravate. On avait chaud. On prendrait la chose en délibéré. Tous les arguments étaient en sa faveur. Tu devines bien que cela a été refusé. Alors que le Journal aurait dû en publier pour faire plaisir à son lectorat, ils osaient refuser même s'il payait la page, et cela au même tarif que la publicité. Naturellement, ce prix n'existe plus aujourd'hui. » Ta logique défaille sur trois points : 1. Ce que Boisvert a fait, c’est malin. Mais a la longue, il voulait payer une pub pour lui-même. Rien de courageux la-dedans quand-même! 2. C’est pas logique ni tellement croyable ton histoire ! Pourquoi un journal refuserait de publier une pub anodine payée ? 3. Si les vers de Boisvert feraient vraiment « plaisir à son lectorat », ça rend ton histoire doublement pas croyable. Quelle est la logique du point de vue de la Presse de ne pas inclure quelque chose de payer et qui plait? Tu ne penses pas clair, mon vieux. C’est peut-être à cause de tes problèmes graves de santé ? PPPS : « Je te l'ai peut-être dit mais on vient de me demander un roman chez un éditeur il y a quelques semaines. Un éditeur où je n'ai jamais publié. Cela m'a énormément surpris. » Bravo, mon gars. Je ne savais même pas que tu étais connu au Québec comme écrivain. Mais vu l’inceste omniprésente peut-être c’est un gai qui veut baiser avec toi ? Ben oui, ça arrive, eh, dans le monde littéraire corrompu, n’est-ce pas ? Et dire ça ne me rend aucunement homophobe. Car je ne le suis pas. C’est que je déteste les corrompus, soit blanc, noir, gouine, gai ou autochtone. Finalement, tu sais, j’ai l’impression que tu ne me lis plus. Et c’est pas important. Car en t’écrivant et te lisant les idées semblent me venir en flots. Pourquoi tu ne m’as rien dit sur ce qui s’est passe a Peloquin, poète archi-conservateur ? Comment ca se fait en tant que Quebecois que tu admires ce Prix du Gouverneur Général ? T’es pas indépendantiste évidemment. En fait, j’avais vraiment l’impression ce premier soir quand tu m’as serre la main que tu ne voulais pas me la laisser libre. Ma blonde pensait pareil. Pourquoi tu ne veux avouer ton homosexualité ? Et comment est-ce que ça affecte l’honnete de ton écriture ?
Subj: Riposte et touche! Date: 1/8/02 10:51:23 AM Eastern Standard Time From: Enmarge To: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca Salut Rejean, Qu'est-ce que tu manques de la maturité ! Tu essaies sans cesse de te montrer tellement sur de toi que ton jeu devient tellement diaphane. Tu essaies constamment de me diminuer et cela c'est aussi signe d'immaturité. Cela se voit dans ta correspondance. Pourquoi, je me demande, est-ce que tu éprouves ce besoin ? Tu refuses de dialoguer et dans ce sens, tu ferais un très mauvais arbitre. N'est-ce pas ce manque de maturité qui t'a mené à avoir ce virus, celui qui t'a fait perdre notre correspondance ? Mais en toute évidence, si tu as voulu perdre cette correspondance, c'est car mes lettres te montrent dans une lumière pas très brillante, n'est-ce pas ? Ah, tu vas aimer cela ! De toute manière, j'essaie de te raisonner et tout ce que tu arrives à faire c'est de blaguer d'une façon bonenfantine. C'est tellement triste-je le ressens dans la fin fonds de moi-même-que les intellectuels de ton genre, c-à-d ceux au pouvoir, rejettent le criticisme de vos institutions littéraires avec une virulence seulement égalée de dictateur à la Duplessis ou Louis XIV. Que c'est triste ! Regarder par des lunettes manichéistes peut être parfois utile, tu sais, car les gens comme toi ont tendance à mettre tellement de nuances pour se faire intellectuel et offusquer entièrement le discours. J'ai lu les 3 ou 4 volumes autobiographiques de Jasmin et je les ai pas mal aimées. Donc je connais pas mal. Mais je connais pas ces pamphlets. Toi tu dis : " La critique littéraire, quoiqu'on en dise, sera toujours différente de la critique des institutions. " Mais pourquoi ? Surtout dans le cas ou les institutions soient les institutions littéraires ? Comme d'habitude, ta logique m'échappe tout à fai! Pour de l'humour, parfois j'en mets… mais pas toujours car à mon avis l'humour a tendance à diminuer la critique. C'est mon avis… peut-être pas celui des intellectuels au pouvoir. Quant à Trois-Rivières, je n'y passerai plus. Avoues bien que ta clique le préfère comme ça. Ah ben oui, j'ai oublié qu'elle ne pense même pas à moi, donc n'a même pas de préférence. J'aime bp Montréal, mais il n'y a plus rien pour moi à T-R. Le Québec est un grand pays, mais les Québécois parfois ne sont pas à la hauteur. J'ai sûrement pas envie de revoir ta clique littéraire (les Ecrits des Forges, etc.). Bien que j'y aie eu de bons souvenirs, le Festival m'a évidemment laissé un très mauvais gout. Le manque évident de liberté de la parole (du moins que la parole c'est la tienne et les tiennes) à Trois-Rivières laisse à désirer. Ca dégoûte. Je pense aussi à ton journal, Le Nouvelliste. Bravo à Gaétan, car je pense bien que Boisvert soit une sorte d'imposteur. Je suis content d'avoir fait la connaissance de Boisvert car autrement je ne l'aurais jamais su. J'ai bien vu qu'il manque le courage d'agir seul comme tant d'autres gens de littérature. J'aime bien ceux qui ont les couilles pour parler haut, même si je ne suis pas d'accord avec leurs propos. Il y en a tant qui n'osent pas pour tellement de raisons bien qu'en principe il s'agit de simple manque de courage et d'individualité. Cela dit, je ne pense pas que moi et Gaétan nous avons beaucoup en commun. Lui est libertaire (au sens etatsunien). C'est pas mon cas. Je suis plutôt libéral de gauche (au sens USA ; bien sur, car je suis pour l'indépendance du Québec), mais pas libéral borné, plutôt libéral qui ose critiquer les libéraux. C'est dommage que tu refuses de prendre mon désir de correspondre et de communiquer avec toi au sérieux. Dommage que tu cherches à mettre tous ceux qui osent critiquer tes chères idoles dans le même panier. Comment, je dois me demander, peut-on devenir aussi borné et sur de lui comme toi tu sembles être ? Comment peux-tu expliquer que toi et moi aimons un Falardeau ? Sans doute préfères-tu éviter la question. C'est trop facile de me mettre dans le panier avec Gaétan. Mais quel plaisir bonenfantin tu sembles prendre en essayant de me diminuer ! Pourquoi ? Ca me donne aucun plaisir de te voir petit-au contraire ! Ce qui me donne plaisir c'est de plutôt découvrir nos points communs… comme Falardeau. A propos, cela m'intéresse le journal qu'il a fondé avec les squeegees. Tu peux m'informer un peu plus ? PS : J'ai pu écrire 15 poèmes d'une page chacun autour de notre correspondance. Je les regroupe sous la rubrique " Dialogue de sourds entre poètes de salon et poète révolté. " Je ne plaisante pas. Je ne voulais pas te le dire tout de suite car tu m'as donné malgré toi de l'inspiration créatrice. Alors, ou les publier ? Evidemment, pas au Québec…
Subj: Cher pamphlétaire Date: 1/4/02 2:14:03 PM Eastern Standard Time From: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca (Réjean) To: Enmarge@aol.com Salut Tod Je vois que tu commences ta nouvelle année comme tu as terminé la dernière. Ta grande tendance au manichéisme est toujours là. Tout est noir OU blanc. Et l'inverse est vrai aussi. Je te consacre quelques minutes en attendant un ami qui vient dîner. Si tu savais dans quelle estime je tiens les pamphlétaires, tu ne te sentirais pas offusqué de la sorte. Arthur Buies a réalisé une oeuvre unique, tel que Francis Parmentier nous l'a montré ces dernières années. J'ai également beaucoup de respect pour Valdombre, et pour Claude Jasmin également, quoique ce dernier a tendance à tout mêler. Mais, et c'est peut-être mon problème, j'aime souvent la dénonciation pour elle-même, c'est-à-dire dégagée de celui qui la porte. À éreinter tout ce qui est différent de soi, cela enlève beaucoup de crédibilité. Et quand, en plus, on souffre (parce que c'est une forme de souffrance) d'être seul contre un groupe, d'être le seul à avoir raison contre la multitude ah... je sais, on peut se prendre pour Gandhi ou Jésus-Christ. Et puis? Chacun n'a-t-il pas le droit de choisir son ou ses Gandhi? La critique littéraire, quoiqu'on en dise, sera toujours différente de la critique des institutions. Pour ce qui est de la critique sociale, je crois qu'elle est toujours là dans une oeuvre d'art. On peut choisir de ne voir que l'esthétisme dans Guernica de Picasso. Quant à moi, je préfère y voir là l'effet Franco. Et cela n'enlève rien à la beauté de l'oeuvre. Et puis, on manque un peu d'humour. Certaines critiques passent mieux la rampe (c'est-à-dire sont comprises et non acceptées par le système) quand le vitriol est aussi baigné d'une certaine légèreté. Jules Renard le savait bien... et même Sacha Guitry qui est peut-être celui qui a le plus pavé la voie au féminisme. Pour ce qui est de Gaétan Bouchard, oui je le connais. Je pourrais te le présenter quand tu viendras à Trois-Rivières. Vous avez beaucoup de points en commun. Nous nous sommes retrouvés tous les deux l'an passé au Forum sur la Citoyenneté et l'Immigration (moi représentant l'UNEQ et lui représentant les jeunes de la rue): vingt minutes après le début du premier atelier, il a fait une sortie virulente, attaquant tout le monde, et a claqué la porte. À la lettre. Il s'est calmé sur l'heure du dîner. Il y a quelques années, au Festival, alors que Miron et Boisvert étaient au micro, il s'est présenté au Zénob avec un autre poète Luc Vivier en hurlant "Imposture, imposture". Il avait commencé à crier "imposture" sur la terrasse, ne sachant même pas qui était au micro. Tu l'aimerais sans doute. Ce ne sont pas les poètes sur place qui ont protesté, mais des clients du Zénob, amants de la poésie, qui l'ont expulsé manu militari. Il fait vraiment tout pour exciter le rejet. Au spectacle pour l'Histoire sans Fin il y a quelques mois, Pierre Falardeau a bien ri lui aussi quand Bouchard, nu dans son overall très dézippé, est venu chanter de façon très provocante, deux chansons dénonciatrices des pouvoirs. C'était très beau de le voir provoquer ainsi des gens qui avaient payé 20$ pour être là. C'est tout un personnage. J'ai pris sa défense il y a quelques mois dans une lettre ouverte: il avait fondé un journal avec des jeunes décrocheurs et autres squeegees. C'était un journal de résistance, de provocation, de prise de parole. Et qui avait tout à fait sa place selon moi. Or, après avoir dit ce qu'il pensait d'une banque alimentaire destinée aux démunis (il dénonçait la gluette des échalotes) les vivres lui ont été coupées, dans les deux sens. C'est pour cela que j'ai pris son parti. Il avait le droit de dire que ce n'est pas une raison parce que des denrées sont destinées aux pauvres que ceux-ci doivent endurer des victuailles avariées. Il m'a remercié pour mon implication et le dossier chemine actuellement. Il est question qu'une Fédération Nationale de Syndicats assure la parution des prochains numéros. Enfin, c'est tout un personnage, un peu comme cet autre poète de Trois-Rivières, Marc Gariépy, qui a le verbe haut. Sur ce, je te laisse pour vaquer à mes petites obligations, obligations que je m'impose moi-même. À bientôt. Réjean B
Subj: un oubli Date: 1/4/02 2:21:05 PM Eastern Standard Time From: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca (Réjean) To: Enmarge@aol.com P.S.: J'ai oublié de te dire, à propos de la blague des archives nationales, que j'ai eu un virus sur mon Outlook la semaine dernière et que j'ai perdu définitivement 397 messages que je conservais, dont les tiens. J'ai pu conserver seulement tes deux derniers messages. C'est toute l'histoire qui va être changée à partir d'aujourd'hui. Ha Ha.
Subj: PS Date: 1/2/02 9:40:49 AM Eastern Standard Time From: Enmarge To: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca
PS: En toute evidence, MM continue a lutter contre la vieille Machine de la poesie: "2001, À l'assaut de la poésie, Michel Muir, Essais et Polémiques."
Subj: Salut! Date: 1/1/02 11:30:12 PM Eastern Standard Time From: Enmarge To: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca
Salut et bonne année à toi, Rejean Alors, en ce qui concerne notre dialogue de sourds amical entre poète de l'establishment et poète révolté (en réfléchissant, je préfère révolté à maudit car oui c'est vrai " maudit " n'est pas forcément révolté-on pense a Verlaine qui cherchait à être accepté par l'establishment à tout prix), ton désir de catégoriser les gens qui critiquent en vraies critiques et pseudo-critiques (i.e., pamphlétaires) est sémantique et sans aucune utilité sauf celle de faciliter le reniement de la critique elle-même. Pas mal ça ! Je ne me suis jamais déclarer critique officiel lu et approuvé par les universitaires. J'observe tout simplement et je note ce qui sonne faux. En principe, je vois plutôt clair. L'inceste littéraire, par exemple, et le fait que très peu de gens de lettres au Québec ne veuillent s'engager contre la patente hypocrisie sur la scène poésie québécoise soutenue de bon cœur par ta bande de T-R. Christine de Montréal m'a avoué, par exemple, l'évident muselage mais refuse de s'engager contre ce fait néfaste. En fait, qui veut bien le combattre sinon moi et les jeunes non-invités au Festival ? Cependant il n'y a rien de plus nuisible pour la poésie que le muselage général dans un pays soi-disant démocratique des poètes qui l'écrivent. Il y a aussi une tendance restrictive envers la poésie joyeuse et nombriliste (du genre : " le sexe de mon copain s'est engourdi/ pris dans ma gueule innocente bien que pute… " etc.). Toi tu dis : " J'essaie de ne pas trop mélanger ces genres, il y a toujours une dominante formelle. Mais la critique sociale y est toujours. " Ah, que c'est curieux ! Tout est clair maintenant. Merci, Rejean ! C'est donc acceptable de mettre de la " critique sociale " dans tous les genres y compris la poésie, mais seulement dans le cas ou la " critique sociale " ne concerne pas les cliques de poètes ni les événements sociaux de la poésie. Je comprends. Autrement, c'est tout à fait acceptable de le mettre. Moi, je lutte contre le muselage et cette tendance positiviste, et si cela te fait plaisir de m'appeler " pamphlétaire " soit ! Je suis minable pamphlétaire sans renom et sans piston aucun. Voilà ! T'es content ? Ceux qui n'aiment pas ce que le critique a à dire ont toujours propension à dénigrer le critique par épithète (pamphlétaire !) plutôt que de débattre son message. J'ai tort ? Il n'y a pas de muselage ? Il n'y a pas de tendance positiviste ? Si c'est ton avis, je voudrais bien essayer de te montrer le contraire. Tu cherches à restreindre la poésie dans les confins du paradigme muselage/positiviste ? Si c'est le cas, je te comprends : un poème qui décrie ces choses-là ne peut être poème. Alors qu'un poème qui décrit l'état de nation colonisée du Québec est un poème. Ainsi, un homme qui décrie le muselage ne peut être critique. Il doit être pamphlétaire. Alors qu'un homme qui décrie les maudits anglais est critique. Tout cela je peux comprendre dans les confins du paradigme établi par l'establishment bien qu'à mon avis ça sonne faux et éloigne la vérité. C'est drôle que tu fais remarquer Muir car je suis en train de lire l'un de ses bouquins qui critiquent les poètes des Herbes Rouges. J'aime beaucoup son lexique et suis parfois d'accord avec sa critique. Mais lui et moi, nous voyons la chose de façon différente. Moi, je ne suis pas croyant, par exemple. Au contraire, je crois que l'homme est plutôt vile hypocrite que bon honnête. L'ouvrage que je lis est sorti en 1985. Tu dis : " Mon cher Tod, nomme-moi un seul pays au monde, un seul, qui n'ait accédé à l'indépendance après qu'un tel processus se soit enclenché. " Je pense qu'il y a pas mal de nations autochtones surtout aux USA (le Sud aussi l'a tenté !) qui ont essayé en déclenchant " tel processus " et qui ne vont pas arriver car quasiment annihilées. Je pense que ça ne va jamais arriver non plus pour la Bretagne, l'Alsace, le Pays Basque français, Galicia, etc. Je t'ai dit que je suis complètement pour l'indépendance du Québec... bien que complètement contre ceux, les faux jetons, qui se cachent leur fausseté derrière le mouvement séparatiste. Tu dis : " Peux-tu vraiment reprocher à n'importe quel organisateur de penser d'abord au public à qui il veut présenter des poètes qu'il traite tout de même assez bien, tu en conviendras. " S'il te plait, lis l'article de Robert Lévesque qui a paru ans L'actualité au mois de septembre. Lui et moi sommes tout à fait d'accord vis à vis des organisateurs de Festis qui, oui, te " traite tout de même assez bien " mais seulement si tu fermes la gueule et portes la muselière désignée. C'est curieux que tu refuses de voir cette simple vérité. Tu dis : " Une commande difficile à remplir mais qui me permettra d'affirmer certaines choses sérieuses tout en ayant l'air de pas être sérieux. Un bel exercice. " C'est précisément le problème avec trop d'écrivains d'aujourd'hui. Ils traitent la poésie, par exemple, comme " bel exercice. " Muir a bien vu cela. S'il est maintenant devenu simple écrivain vendu comme, que dire ? J'ai toujours pensé que l'Establishment est plus ou moins imprenable. Bon. A toi. G. Tod PS : Tu connais ce gars ? " Nos singes se gargarisent d'expressions pompeuses pour faire la pute devant le Léviathan. Cette culture subventionnée à l'os n'attire que des courtisans. Je demeure en Mauricie. Trois-Rivières est une capitale de pauvreté et de chômage au Canada. Elle se gratifie aussi du titre de " Capitale de la poésie " depuis qu'une bande de poètes illettrés, ignares et incultes ont têté suffisamment de subventions de l'État pour organiser leur grand guignol: le Festival international de la poésie. Pour que le Festival soit international, on a fait venir les putes poétiques de tous les pays: Machintruc, professeur de telle université subventionnée par l'État français; Speedy Gonzales, analphabète de gauche subventionné par l'État mexicain; Abdou Troulala, sous-ministre d'une dictature africaine et poète à ses heures, etc. Tous nos professeurs de Cégep y étaient, évidemment... Pour qu'un recueil de poésie devienne un best-seller, on n'a qu'à s'entendre entre professeurs de littérature: je mets ton livre au programme de lecture obligatoire, au Cégep de Trois-Rivières, et tu feras la même chose avec le mien au Cégep de Rimouski... On peut bien avoir choisi un singe pour les journées de la Kultur... " -Gaétan Bouchard, Trois-Rivières, Quebecoislibre.org, no. 90
Subj: Re: Que les avis contraires soient écrasés dans le silence... Date: 12/27/01 11:46:58 AM Eastern Standard Time From: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca (Rejean) To: Enmarge@aol.com
Salut Tod Un petit moment à te causer avant de commencer vraiment ma journée. Qui sera très occupée. J'aimerais tout d'abord tout de suite retirer ce que tu demandes que je retire. Je me suis vraiment emporté car moi-même, depuis toujours, je me réclame de l'adolescence. Je refuse la bêtise du monde -parfois celle des gens aussi- et j'écris pour l'avènement d'un autre monde, plus harrmonieux et égalitaire. C'est ça, être un adolescent, vouloir changer le monde, ce monde qui ne nous convient pas. Chacun y va selon ses capacités, ses moyens. Pour ce qui est des critiques que tu m'accuses de ne pas aimer, alors là un instant. Les critiques sont absolument nécessaires. Un critique littéraire, c'est celui qui se met au service d'une oeuvre, d'un auteur, qui sait s'effacer devant cette oeuvre ou cet auteur, qui partage aussi son plaisir, sa découverte. L'exemple parfait serait François Ricard: il fait son oeuvre personnelle de création, c'est une chose, mais quand il devient le commentateur critique de Gabrielle Roy, alors il parle du monde de Gabrielle Roy et non de lui-même. D'autres croient qu'ils font de la critique alors qu'ils sont des pamphlétaires. C'est correct aussi, mais qu'ils l'avouent qu'ils sont des pamphlétaires, ou des billettistes, ou des commentateurs impressionistes pour Voir Montréal. Moi, j'essaie seulement d'être un écrivain toujours, parfois poète, parfois romancier, parfois librettiste... et parfois critique littéraire. J'essaie de ne pas trop mélanger ces genres, il y a toujours une dominante formelle. Mais la critique sociale y est toujours, Pour la critique littéraire, c'est un genre précis. Pour ce qui est de la critique des institutions et personnages littéraires, tu es en train d'inventer le genre. Probablement. Non, ce n'est pas tout à fait vrai: Michel Muir l'a fait avant toi, dans au moins deux livres. Maintenant qu'il a fait son petit scandale, il enseigne dans un cegep, plutôt low profile, et il commence à faire son oeuvre propre après avoir beaucoup bavé sur les autres, les institutions et les pouvoirs. Et il a grand intérêt à laisser oublier ses entrées en littérature. Pour ce qui est de l'échec indépendantiste -tu t'amuses à dire le mot séparatiste, coquin personnage- c'est aller bien vite aux conclusions. Je suis conscient que nous avons raté le bateau, il y a pour cela des raisons historiques. Mais il y aura d'autres bateaux. Mon cher Tod, nomme-moi un seul pays au monde, un seul, qui n'ait accédé à l'indépendance après qu'un tel processus se soit enclenché. J'aime croire que l'indépendance est inéluctable, comme on sait à la naissance d'un enfant que celui-ci va marcher un jour. Il y a des enfants, je sais, qui ne marcheront jamais; j'aime croire cependant. Je préfère le processus de l'espoir à l'obtention de l'objet de cet espoir. Je suis souverainiste depuis les années soixante mais je ne suis pas un militant politique, à peine l'ai-je été à quelques reprises pour des causes précises comme la sauvegarde de la langue. Mon militantisme a plutôt été d'ordre syndical. Tu dis que les Québécois ne sont pas ouverts aux étrangers. Cette affirmation venant d'un poète maudit (qui devrait en principe ne pas être accepté par personne au monde) me semble assez paradoxale. Je ne sais pas s'il existe des statistiques sur le sujet. Mon copain africain est venu passer la Noël ici et nous n'avons jamais parlé d'un sujet semblable. Je vis à Trois-Rivières, terre qui m'apparaît plutôt accueillante. En littérature, la Société des Écrivains de la Mauricie, avec le Sabord, nous avons accueilli au-delà de quinze poètes d'autant de pays de la francophonie en juillet dernier. Des liens se sont tissés qui existent encore. Pour ce qui est de la multitude de poètes étrangers que le Festival reçoit à chaque année, je crois que pas un seul ne peut se plaindre de la franche réception de lui-même et de son oeuvre. Tu me diras que tu es l'exception. Bien non Tod, tu l'admettras un jour, ce n'est pas en tant qu'étranger qu'on t'a fermé le micro au Zénob -chose qui avait d'ailleurs été faite pour le très québécois Péloquin il y a deux ans- et pas non plus pour le message que tu véhiculais de pseudo-critique de la poésie dans un festival de poésie. Indépendamment du contenu idéologique de tes interventions, cela n'était pas des poèmes, pour la plupart. Tes sujets ne concernaient que les poètes. Le public du festival, environ 20,000 auditeurs, qu'est-ce qu'ils en ont à branler du discours sur la poésie. Il y avait à Trois-Rivières 110 poètes et 20,000 personnes du public, du vrai monde. Peux-tu vraiment reprocher à n'importe quel organisateur de penser d'abord au public à qui il veut présenter des poètes qu'il traite tout de même assez bien, tu en conviendras. Bon, il me faut me remettre à l'écriture d'un livret sur L'Autre moitié du monde, sur la thématique de la condition masculine qui sera joué les 1 et 2 février à la Maison de la Culture. Une commande difficile à remplir mais qui me permettra d'affirmer certaines choses sérieuses tout en ayant l'air de pas être sérieux. Un bel exercice. Je dois aussi répondre d'ici deux jours à l'invitation de Hassan El Ouazzani, un poète marocain qui a connu mon oeuvre par l'internet et qui m'invite à répondre à une entrevue pour une revue de chez-lui et qui veut traduire quelques-uns de mes textes en arabe. Une invitation qui m'a surpris. J'ai de la difficulté à dire non. Et ça va me donner quoi tout ça? Probablement la célébrité, et des sous, et une superbe avec laquelle je pourrai snober tout le monde. Tous cela pour te dire que je te reveindrai en début d'année seulement. D'ici là, je te souhaite un bon saut dans la nouvelle année. Amitiés. Réjean Bonenfant
Subj: Re: Lettre ouverte a la Clique trifluvienne de poètes Elvis Gratton qui think... Date: 8/8/02 11:23:36 PM Eastern Daylight Time From: Enmarge To: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca
In a message dated 8/8/02 4:34:40 PM Eastern Daylight Time, rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca writes: Tod 1) Tu persistes à me désigner comme poète alors que je suis un romancier. Au Festival de Trois-Rivières, j'y suis comme spectateur, un membre du public. À part être romancier, je suis animateur culturel. Je n'ai jamais publié un seul recueil de poésie. Alors, ton idée de m'inclure dans des cliques... on repassera. 2) Je viens de lire cet après-midi tout ce qui est en français dans ton site. Outre que tu y incarnes ton plus éloquent détracteur par tant de demi-vérités et ton nombrillisme somme toute hilarant, tu as enfreint les codes les plus élémentaires de l'amitié en transcrivant des extraits de mes courriels à toi destinés et que tu as publié sans mon autorisation. Je ne puis accepter ce procédé que l'un de tes prédécesseurs dans l'art de foutre le bordel, Jean-Pierre Guay, a pratiqué à souhait dans son Journal qu'il a publié au CLF sans l'autorisation des personnes concernées dont les conversations téléphoniques étaient transcrites aussi sans leur autorisations. 3) Ainsi, à compter d'aujourd'hui, je te prierais de rayer mon nom de ta liste d'envois. Tâche d'être heureux, Réjean Bonenfant.
Rejean, De plus en plus tu sembles avoir peur de quelque chose. Mais peur de quoi au juste ? Je n'y comprends pas pantout ! Aide-moi, stp. Tu dis que mon journal est rempli de " tant de demi-verites. " D'accord, sans probleme. Je veux bien les rectifier. Apres tout, j'ai rectifie carrement dans le journal avec excuses une petite demi-verite a l'egard de Tony Tremblay. Tu l'as lu, n'est-ce pas ? A l'egard de l'amitie, c'est m'appeler toutes sortes de choses ? C'est appeler mon propos " hilarant " ? C'est d'etre content qu'on ne m'invite plus au Festival car j'ai ose parler franc comme etre humain? C'est ben ca dans ton code elementaire de l'amitie ? Rejean, je ne te comprends plus du tout. Aide-moi, stp. Enfin c'est pas l'amitie que je recherche. Je veux tout simplement que la corruption intellectuelle qui pourrit la poesie a T-R soit exposee. Je veux que cet etat des choses change ! Apres tout, l'auto-appelation de " capitale mondiale " doit ineluctablement inclure une certaine responsabilite mondiale, n'est-ce pas ? Et comme poete du monde, meme si poete etranger, j'ai droit a critiquer ta capitale. En fait, c'est plus qu'un droit c'est une responsabilite. Je reste comme toujours completement ouvert au dialogue, au debat et aux corrections de demi-verites. Moi, je suis content… autant que ce monde pourri me laisse etre. Toi, est-ce que tu es veritablement content ? Au plaisir, G. Tod PS: D'accord, tu n'es pas poete. D'accord, Bellemare et Baribeau ne sont pas poetes non plus. Mais vous tous participez dans cette inanite de l'administration de la poesie. Toi, tu m'as meme vante d'etre actif dans pas mal de decisions qui affectent les poetes. Toi, tu m'as dit hier meme que tu as ecrit une lettre ouverte publiee au Nouvelliste vis a vis du Festival de la poesie. Toi, tu fais partie integrale de la Machine litteraire. Comment peux-tu le nier? PPS: Est-ce vraiment possible que tu ne saisis meme pas que tes deux derniers courriels soutiennent pleinement ma these ecrite dans la lettre ouverte au Nouvelliste? Comment n'arrives-tu meme pas a le voir? Ben, il est tard. Je me couche. Assez de guerre pour aujourd'hui.
Subj: Re: Lettre ouverte a la Clique trifluvienne de poètes Elvis Gratton qui thinker Big Date: 8/8/02 4:34:40 PM Eastern Daylight Time From: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca To: Enmarge@aol.com Sent from the Internet (Details)
Tod 1) Tu persistes à me désigner comme poète alors que je suis un romancier. Au Festival de Trois-Rivières, j'y suis comme spectateur, un membre du public. À part être romancier, je suis animateur culturel. Je n'ai jamais publié un seul recueil de poésie. Alors, ton idée de m'inclure dans des cliques... on repassera. 2) Je viens de lire cet après-midi tout ce qui est en français dans ton site. Outre que tu y incarnes ton plus éloquent détracteur par tant de demi-vérités et ton nombrillisme somme toute hilarant, tu as enfreint les codes les plus élémentaires de l'amitié en transcrivant des extraits de mes courriels à toi destinés et que tu as publié sans mon autorisation. Je ne puis accepter ce procédé que l'un de tes prédécesseurs dans l'art de foutre le bordel, Jean-Pierre Guay, a pratiqué à souhait dans son Journal qu'il a publié au CLF sans l'autorisation des personnes concernées dont les conversations téléphoniques étaient transcrites aussi sans leur autorisations. 3) Ainsi, à compter d'aujourd'hui, je te prierais de rayer mon nom de ta liste d'envois. Tâche d'être heureux, Réjean Bonenfant
----- Original Message ----- From: Enmarge@aol.com To: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca Sent: Thursday, August 08, 2002 3:49 PM Subject: Lettre ouverte a la Clique trifluvienne de poètes Elvis Gratton qui thinker Big
In a message dated 8/8/02 10:52:57 AM Eastern Daylight Time, rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca writes:
Mon cher Tod je t'interdis de mentionner mon nom où que ce soit. Tu ne sais pas lire mes envois car ta paranoïa t'aveugle. À bientôt Réjean B.
Mon cher Rejean, Calmos, bon Dieu! Tout d'abord, tu n'as aucun droit legal de m'interdire quoi que ce soit. Tu peux me poursuivre en justice mais seulement si j'ecris des mensonges sur toi et que je savais bien que c'etait des mensonges. De toute maniere, je n'accepte pas les interdits surtout quand cela va a l'encontre de la verite. Toi et ta gang de T-R cherchent a supprimer la liberte de l'expression en depit de vos petites seances du Pen Club. Honte a vous tous! Encore tout ce que tu arrives a faire vis a vis de mes arguments, c'est hurler des epithetes! C'est quand-meme puerile. Utilise ta tete! Montre-moi precisement la ou ma soi-disante paranoia m'aveugle. Toi et ta gang de poetes refusent tout debat comme souligne dans ma lettre ouverte. G. Tod
Subj: Lettre ouverte a la Clique trifluvienne de poètes Elvis Gratton qui thinker Big Date: 8/8/02 3:49:31 PM Eastern Daylight Time From: Enmarge To: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca
In a message dated 8/8/02 10:52:57 AM Eastern Daylight Time, rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca writes: Mon cher Tod je t'interdis de mentionner mon nom où que ce soit. Tu ne sais pas lire mes envois car ta paranoïa t'aveugle. À bientôt Réjean B.
Mon cher Rejean, Calmos, bon Dieu! Tout d'abord, tu n'as aucun droit legal de m'interdire quoi que ce soit. Tu peux me poursuivre en justice mais seulement si j'ecris des mensonges sur toi et que je savais bien que c'etait des mensonges. De toute maniere, je n'accepte pas les interdits surtout quand cela va a l'encontre de la verite. Toi et ta gang de T-R cherchent a supprimer la liberte de l'expression en depit de vos petites seances du Pen Club. Honte a vous tous! Encore tout ce que tu arrives a faire vis a vis de mes arguments, c'est hurler des epithetes! C'est quand-meme puerile. Utilise ta tete! Montre-moi precisement la ou ma soi-disante paranoia m'aveugle. Toi et ta gang de poetes refusent tout debat comme souligne dans ma lettre ouverte. G. Tod
Rejean, Voici une lettre ouverte que je vais envoyer plus tard aujourd'hui au Nouvelliste et qui ne va surement pas la publier car la liberte de l'expression trifluvienne est un peu particuliere ? De toute maniere, toi, tu pourrais surement appeler quelqu'un pour la supprimer, n'est-ce pas, mon cher Rejean ? Lis trois fois du moins la premiere phrase de la lettre ouverte. Merci pour l'idee. Ca t'embete pas que je te mentionne? Si tu preferes j'enleve ton nom. Ca m'est egal. Je ne cherche pas a t'ecarter comme correspondant, mais par dessus tout je dois parler franc, c-a-d parler de ma tete et non pas d'une autre tete. Au plaisir, G. Tod Rej, En fait, j'aimerais voir ta lettre au Nouvelliste avant d'envoyer la mienne, mais j'en suis sur qu'elle ne changera rien dans la mienne... et encore le Nouvelliste ne la publiera pas. Le debat c'est toujours bien. Votre refus de me debattre car je suis petit et inconnu nuit a l'ouverture 'censee' des poetes. G. Tod
opinions@lenouvelliste.qc.ca Chers Editeurs, Je vous donne une semaine pour repondre a cette lettre. Si tu ne me reponds pas je l'envoie ailleurs. Pour les accents, je veux bien vous envoyer la meme lettre avec accents par attachement en Word 2000. Au plaisir, G. Tod Slone, Ed. The American Dissident
Lettre Ouverte a la Clique trifluvienne de poetes Elvis Gratton qui thinker Big (Inspiree par ma correspondance avec Rejean Bonenfant, membre de la Clique) Tout d’abord, je ne possede ni haine ni vraiment colere, mais seulement grande desillusion vis a vis du refus absolu de la Clique trifluvienne de poetes Elvis Gratton qui thinker Big d’examiner toute critique a son egard. Je ne suis pas non plus anglophone primaire anti-quebecois comme il en existe surement et comme il existe egalement des primaires quebecois anti-americain. Au contraire, je suis quebecophile bien que non pas cliquophile trifluvien. Quant a mon francais, je l’ai appris moi-meme avec d’enormes efforts au fil des annees, n’ayant pas de parentes francophones. L’annee derniere lors du Festival International de la Poesie de Trois-Rivieres en tant que poete invite, j’ai tente de faire publier une critique du Festival au Nouvelliste, qui l’a refuse categoriquement preferant publier les propos anodins happy-face d’autres poetes invites. C’est la raison pour laquelle je suis arrive a la conclusion que Le Nouvelliste n’est qu’un journal, sans doute comme tant d’autres, aussi ferme que n’importe quel autre organe du Parti Orthodoxe du Moment au Service des Piasses, c’est-a-dire de la Mere Corporation Quebecoise (et non pas etatsunienne !). A ce propos je cite Jean-Philippe Pleau du journal Ludovica : « Les big boss patroneux anglophones denonces par le Front de Liberation du Quebec sont maintenant francophones. On peut desormais nous aussi thinker big en francais. » Le Nouvelliste publiera-t-il donc cette lettre ouverte apte a froisser les petits bourgeois mauriciens et leurs poetes de service ? Sinon, je l’enverrai ailleurs, la ou la liberte de l’expression et de la parole existe. Il faut souligner que parmi les membres de la Clique trifluvienne de poetes, il y a un refus global de repondre aux critiques formulees a l’egard d’eux et de leur cher Festival. Quand ils me repondent, c’est toujours pareil : Ils tentent de me diminuer comme poete et messager, alors qu’ils refusent de debattre les points evoques, c’est a dire qu’ils refusent d’examiner le message qu’ils cherchent simplement a l’ecarter. Ce genre de non-reponse et de refus de tout debat, c’est classique chez les primaires au pouvoir, memes si au tout petit pouvoir litteraire regional. Il est interessant de noter que ce genre de non-reponse est bien documente par le sociologue eminent C. Tarvis.* Voici mes constatations vis a vis du Festival de la Poesie. Pour mon journal du Festival et pour de plus amples observations (36 pages !) toutes en francais, voir mon site web (www.geocities.com/enmarge). Pour voir mes critiques en forme de BDs, poemes, et essais, voir Steak Hache et Le Quebecois, les seules revues au Quebec qui osent me publier—les liens entre les revues litteraires quebecoises et les mandarins du Festival sont plus qu’evidents, n’est-ce pas ? 1. Il existe des poetes quebecois qui ne font pas partie de la Clique trifluvienne de poetes petit bourgeois archisatisfaits d’eux-memes… et qui ne veulent aucunement en faire partie pour des raisons tout a fait evidentes (voir dessous)! 2. La Clique trifluvienne est contente d’avoir un couple autocrate petit bourgeois, faux-royal non-poete pour la gerer (Bellemare/Baribeau) du fait du tonnage de fonds publics qu’il arrive a brasser et lui en jeter des miettes. 3. La Clique est tellement egotiste qu’elle est si contente de se declarer CAPITAL MONDIALE DE LA POESIE ! Ben, ici aux USA et probablement la-bas en France : Trois-Rivieres, c’est ben quoi ca ? L’editeur marseillais qui revient (tous frais payes bien sur) au Festi toutes les annees a profere « village de ploucs ! » Moi, en tant que connaisseur du Quebec—Nation que j’aime enormement meme si j’ai appris a ne pas aimer la Clique trifluvienne de poetes—je dirais plutot Village de Poetes Elvis Gratton qui thinker BIG, qui thinker RETOMBEES ECONOMIQUES ! 4. La Clique est tout a fait contente que le Festival de la Poesie soit tout a fait neutre du point de vue politique et du genre fadasse de poesie qu’elle cherche a repandre pour plaire aux petits bourgeois trifluviens attables dans des restaus petit bourgeois ; 5. La Clique est tout a fait contente de ne pas etre maudite, marginale, affamee, revoltee, ni enragee—bien que ces etats favorisent la creativite—car elle est tout a fait payee. 6. La Clique est tout a fait contente qu’un gars comme moi qui ose la critiquer avec virulence et ouvertement ne retourne plus jamais a leur CAPITALE MONDIALE de la poesie. 7. Comme dans les temps des Patriotes, il faut un grand nombre de Quebecois vendus et rondement repus, poetes et autres, pour que les revolutions ne reussissent jamais. (C’est pas les Amerlos, mon Petit Bang de Boisvert, mais tes propres collegues quebecois qui doivent assumer la responsabilite de l’echec !) Enfin, relisez bien cette lettre ouverte, chers membres de la Clique trifluvienne de poetes Elvis Gratton qui thinker Big, car il semble que je m’exprime tellement mal que ce que j’ecris ne vous est pas pantout comprehensible. * “To those in power, all whistle-blowers, dissenters and boat-rockers are obnoxious, at least while they remain lone rebels... The ideas that rebels expound tend not to be attacked by those in power. The latter are inclined rather to kill the messenger by character assassination. For example, one rebel was said to be a womanizer... bitter... disloyal... and even, in the words of one accuser, dangerously mentally ill.” G. Tod Slone, Ed. The American Dissident
Subj: Laisser sa trace Date: 8/7/02 7:05:12 PM Eastern Daylight Time From: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca To: Enmarge@aol.com File: Laissersatrace.doc (25600 bytes) DL Time (28800 bps): < 1 minute Sent from the Internet (Details)
Salut Tod Je t'envoie le texte qui paraîtra demain dans le quotidien local de Trois-Rivières, Le Nouvelliste. J'ai écrit ce texte et plusieurs personnes se sont offertes pour le contresigner car Gaston a vraiment pondu un bel article d'une demi-page il y a quelques jours et que nous laissons de côté, Manu Fabi et moi, nos différends avec Gaston, car cette fois-ci nous sommes d'accord avec lui. Il y a parfois des intérêts supérieurs à la contemplation de notre nombril et à la millième cuisson d'un bouton qui a mal abouti. Un petit exemple tout simple de "criticisme" trifluvien, sur de bien petites choses j'en conviendrai, comparativement à toi qui soulève des montagnes et transporte des déserts. Salut le Titan, que deux personnes et demi aiment. Amitiés Réjean Bonenfant
Subj: Nouvelles d'en bas Date: 8/7/02 12:14:23 PM Eastern Daylight Time From: Enmarge To: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca
Salut Rejean, Boisvert reste silencieux a l'egard de son silence lors du Zenob. C'est pas une reponse. Il n'a pas le culot de critiquer ses maitres a la Bellemare. Il ne critique ce qui est loin de lui, primaire anit-americain. Brassard (Exit) cependant s'enrage ! Elle a ete " choquee " par ma critique ! Il est plus qu'evident que Bellemare ne me reinvite car je refuse de porter sa museliere. J'avais raison la-dessus. Maryse c'est une grande hypocrite habile! J'ai arrete de lire Boisvert. Lui ne m'interesse plus. C'est un gars aveugle par l'orthodoxie independantiste gauchiste. C'est un primaire anti-americain. Il ne peut voir clair. C'est impossible quand on est endoctrine. Sa gang de 3-Rivieres ne m'interesse pas non plus sauf pour en faire quelques caricatures bien merites ca et la. Tony Tremblay m'a felicite il y a quelques semaines comme Claude Jasmin d'ailleurs ("j'aime votre sorte ...derangement face au monde trop crédule ...continuez Tod ! "). Tu vois je ne suis pas seul dans mes convictions comme toi tu aimerais bien me faire croire. Les gars du Steak Hache m'ont egalement felicite lors de ma lecture non payee. Tu dis : " Comme tu nous laisses les nôtres. " Mais " les notres " c'est pas intelligibles. Il y a ceux de Montreal qui ne sont pas du tout les notres (amis de la bande de T-R). Et pourquoi moi je n'ai pas le droit de critiquer cette bande? Ton " les notres " sent pas mal le racisme et renfermitude de la SSJB ! T'es membre sans doute? C'est dommage pour toi que tu ecris pour le public ce qui te rend showman ou amuseur public. Moi j'ecris pour moi et pour denoncer les maux de notre societe. C'est pour cela que toi et moi ne s'entendrons jamais. Le public en principe c'est une bande d'endoctrines, the bewildered herd (troupeau abasourdi) dans les mots du fameux journaliste Lippman. Je n'ai rien du tout lu de toi. Il etait plus qu'evident ton homosexualite la premiere soiree que je t'ai rencontre. Tu ne me laissais pas la main apres poignee de main ! De toute maniere, ton homosexualite ne m'importe pas. Je m'en fous si tu preferes baiser les hommes. L'important c'est ce qui est dans ta tete. Voir ton amant ? Quand est-ce que je t'ai dit cela ? Je ne l'ai jamais vu ni ecrit que je l'ai vu. Encore je m'en contrefous de tes flirts. Je doute qu'on ne se voit surtout pas a 3-Rivieres puisque je n'irai peut-etre plus jamais. Toute fois je ne suis aucunement fache contre toi. Tout ce que je recherche c'est un peu de debat… meme chez les aveugles et sourds. J'espere bien que toi et Boisvert verront un jour l'imbecilite dont vous faites partie, le Festi et l'auto-proclamation debile de Capitale de la Poesie, mais je n'y compte pas… car vous 2 en profitent royalement de cette imbecilite. En fait, Rita ne m'a jamais repondu. C'est elle qui s'est attache a moi et me poursuivait… pas le contraire. C'est sur qu'elle te dirait le contraire. G. Tod
Subj: Re: Nouvelles de P. Maudit Date: 7/30/02 1:46:09 PM Eastern Daylight Time From: rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca (Rejean) To: Enmarge@aol.com
Bonjour Tod Je réponds bien tardivement à ton message d'il y a presque un mois. Même retraité de l'enseignement, je suis toujours à la recherche du temps que j'essaie de ne point perdre. J'ai reconduit mon fils hier à Dorval : il a décroché un emploi dans un centre de recherche médicale à Colombus, Ohio. Il part pour quelques années au moins. Je serai peut-être le grand-père d'un Américain un jour. Ça, ça fait réfléchir. Je suis très content pour toi que tu aies réussi à te faire publier au Québec. Je ne connais pas cette publication : La Québécoise. Je suis d'accord avec toi pour ce qui est des refus. Nous en avons tous à notre actif. Yves Boisvert s'est bien amusé de tes caricatures que je lui ai montrées. C'est étrange ce que tu dis, en parlant des poètes québécois qui ne prennent pas position à propos du "criticisme" comme tu dis. C'est que vois-tu, cher Tod, chacun a ses propres combats, tu as le tien, et je crois que tout le monde te le laisse. Comme tu nous laisses les nôtres. Nous cultivons cependant de très grandes complicités, les écrivains d'ici, et cela n'empêche pas de nous taper sur la gueule parfois. Mais moi, je ne me définis pas comme écrivain quand je suis avec d'autres écrivains; ce n'est pas pour eux que j'écris, c'est pour le public. Entre nous, nous sommes seulement de joyeux lurons. Et parfois de gais lurons, ha ha. (Incidemment, à propos d'homosexualité, dans ton message, ça m'a fait sourire quand tu dis " au Québec, les bruits circulent, n'est-ce pas?" Ce ne sont pas des bruits, dans le sens de rumeurs. Je suis gay, cela a été évident dans plusieurs de mes publications. Je n'ai rien à cacher. Je parle aussi et surtout d'autre chose dans mes textes. Nous serons des centaines de milliers dimanche prochain dans les rues lors d'un défilé. Je serais surpris que tu aies vu mon amant ou cru le reconnaître parce que je crois que je ne te l'ai jamais présenté : il est berbère d'origine marocaine. Je te le présenterai, si l'occasion se présente. Si tu y tiens. Fin de la parenthèse, si ce n'est que tu parles beaucoup de toi dans une petite remarque comme celle que tu as fait. Las bruits sont considérés comme tels seulement par les gars qui, au moment de se coucher avec une fille à l'Auberge des Gouverneurs, lui demandent avec qui un tel fait pan pan. Mais ce n'est pas mon problème.) Nous avons réalisé un court-métrage cet été, musique et poésie. C'est en pré-montage actuellement. Les poètes Serge Mongrain, sieur Boisvert, Daniel Dargis, Denise Joyal, Patrick Boulanger and others ont été magnifiques. Lieux de tournage: des granges, un cimetière de voitures. Ça va faire jaser dans les chaumières probablement. Toutes les voix seront hors-champ. Je travaille actuellement à la publication des textes poétiques de Marjolaine Bohémier et de Patrick Boulanger, deux poètes de la Relève. Ça va sortir le 29 septembre, à la Librairie Clément-Morin. Une initiative de la Société des Écrivains de la Mauricie où je sévis. Si c'est pas épouvantable, en plein Festival International de la Poésie, une manifestation poétique qui n'a rien à voir avec Gaston et Maryse!!! Ben vois-tu, cher Tod, on a toujours fait ça. Chacun fait ce qu'il a à faire. À chacun son combat, ses amours, ses luttes, ses écritures et ses implications culturelles. Je te souhaite une
belle fin d'été avant que les cours ne reprennent. Amitiés, Réjean Bonenfant ----- Original Message ----- From: To: Sent: Tuesday, July 02, 2002 8:22 AM Subject: Nouvelles de P. Maudit
> Salut vieux, > Gaston en tant que dictateur-absolu de la chose poésie à T-R refuse de me > répondre. Quelle tristesse pour T-R et son REFUS GLOBAL de toute critique et > discussion. Meme Le Nouvelliste est journal tout à fait vendu aux > commanditaires. Et toi, Marchamps, Boisvert, Brossard, Pozier, Maryse et > sans doute même Godin dans son tombeau s'en foutent. Ca va vous tous tomber > dessus, j'espère bien, un de ces jours. A propos, t'as reçu ma carte " > lèvres cousues " ? Je t'ai ben eu la, hein ? Mais que c'est triste ce > REFUS GLOBAL de criticisme au Québec ! Meme l'équipe du Couac l'encaisse > tellement mal. C'est quasiment Cuba et pleinement stalinien ! Tout ça m'a > grandement ouvert les yeux. Pourquoi ton Boisvert n'ecrit pas un BANG > la-dessus ? Car il manque franchement le culot. Que c'est facile de > critiquer les USA pour vos petits poètes ! Ben du moins, toi tu m'as répondu > et je te remercie pour cela. Comme tu le sais déjà probablement, j'ai lu > cette semaine lors d'une séance de Steak Haché (Dans la foule j'ai vu l'un de > tes copains homosexuels ou p-e c'est ben celui de Daoust. Mais c'est petit > le Quebec, les bruits circulent, n'est-ce pas ?). A propos, j'ai trouvé un > éditeur au Québec qui semble vouloir me publier… et ça après avoir contacté > plus de 50 éditeurs québécois dont l'unanimité quasiment pareil : REFUS > GLOBAL ! Encore ce refus global d'examiner tout criticisme. Ben, il y a > quand-même des lueurs d'espoir : La Québécoise a publié l'un de mes essais > ce mois vis-a-vis du Festival en tant que manifestation fédéraliste qui > achète avec facilité poètes indépendantistes. L'as-tu vu ? Mais faut aller > a Québec pour te trouver un exemplaire. Tout n'est pas perdu ! Je continue > le combat. J'ai encore ecrit pas mal de poèmes en français la-dessus, > dessiné pas mal de BDs la-dessus et a même rédigé quelques essais. Nous > allons faire les îles du St-Laurent cette semaine. J'espère que tout va bien > chez toi et que tes yeux s'ouvrent au fur et a mesure… peut-être même grâce à moi.
G. Tod (aka P. Maudit)

Subj:    Salut d'en bas
  Date:    3/31/2004 10:04:45 AM Eastern Standard Time   
From:    Enmarge   
To:    rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca

Rejean,
Notre correspondance est maintenant sur mon site web.  Stp, envoie-la a la Bibliotheque Nationale du Quebec.  Comme cela, ils auront le Bonenfant complet.  Alors, ca va la clique trifluvienne qui n'aime pas la liberte d'expression ?   Vous etes bien fourres de piasses gouvernementales couseuses de bouche cette annee, j'espere ?  Voici une citation pertinente a ta clique.  C'est de Marcel Ayme tiree du _Confort intellectuel_ :  « Vive la poesie du moins celle qui ne detruit pas notre confort intellectuel ! »  
Au plaisir,
G. Tod Slone, redac'chef
The American Dissident
www.geocities.com/enmarge

Subj:    Re: Salut d'en bas   
Date:    3/31/2004 1:53:08 PM Eastern Standard Time   
From:    Réjean   
To:   

Bonjour Tod Slone
Il y a des gens de ma famille, il y a trois jours, avant même que toi tu ne le fasses, qui m'ont informé que ma correspondance PRIVÉE avec toi se trouvait sur ton site. Je désapprouve un tel procédé que je trouve impoli et grossier. Tu me publies sans mon autorisation. C'est évident qu'un poète a le droit d'être impoli et grossier, selon ce que tu crois. Mais aucun homme, aucun être humain, n'a ces droits.

Pour ce qui est de signaler le fait aux Archives Nationales, je n'en ferai rien. Ton site, pour ne pas dire ta haine proverbiale, m'assure déjà une visibilité infiniment plus grande que celle des Archives Nationales. Que je n'ai jamais désirée en fait.
Je te réitère un souhait ancien : essaie d'être heureux un peu. Je te souhaite de connaître la paix.
Réjean Bonenfant

P.S.: Je t'avais demandé de retirer mes coordonnées de ton carnet d'adresse.
Je te réitère cette demande... en sachant bien que tu ne le feras pas.

Subj:    Re: Salut d'en bas   
Date:    4/2/2004 1:46:04 PM Eastern Standard Time   
From:    Enmarge   
To:    rejean.bonenfant@tr.cgocable.ca

Rejean,
   Ah, je me rappelle tres bien les premiers mots que tu m'as exprimes au Zenob :  « Je suis content que Gaston t'a invite ! »  Alors, ton Gaston savait tres bien que j'etais un dur critique avant qu'il ne m'ait meme invite a son Festi de Poesie.   Pourquoi m'a-t-il donc invite ?  Pour la simple raison qu'il souffre d'un classique reniement :  lui pense vraiment qu'il est ouvert a la critique et a la liberte d'expression.  En fait, j'ai trouve un editeur au Quebec, Editions les Intouchables, qui voulait bien publier mes poemes archicritiques… puis deux ans plus tard il a decommande.   Qui sait pourquoi ?  Je n'essaie plus de me faire publier dans ton Quebec archicliquaire.  

Toi, Boisvert, Marchamps, et qui sait combien d'autres habitues pas mal remuneres par l'establishment vous vous etes bien moque de moi car j'ai ose alors que vous aut' n'osent jamais.  Ca m'est egale en fait et en fond.  Or, je me moque de vous aut' maintenant avec vos propres reponses dans vos propres mots sur mon site Web.   C'est maintenant pour toute personne independante qui le consulte de decider qui en fait avait raison.  Et oui, quelqu'un en avait !        Pour souligner que quelque chose ne va pas chez les litterateurs de l'establishment, je me sers de ta correspondance, ainsi que celle d'autres litterateurs y compris quebecois et etatsuniens. Ta correspondance, en particulier, sert a illustrer un bizarre manque de logique que je trouve generalise chez les litterateurs de l'establishment une fois critiques par un critique exterieur, non lu et non approuve.   En plus, elle sert a illustrer une aberrante indifference a la liberte d'expression a, par exemple, un festival international de poesie.  Puisqu'il n'y a pas de loi contre ce que je fais, c-a-d contre mes efforts d'eclaircir le public sur la perpetuation par litterateurs, artistes, et universitaires de l'establishment, souvent grace a l'argent public, de la repugnante hypocrisie, de l'ubiquiste autofelicitation, et de la honteuse eparpillement d'ecriture du genre « divertissement sans portée » (les mots sont ceux de Camus), je garde ta correspondance sur mon site.   Or, s'il y a une loi a propos de l'Internet, stp, informe-moi sur les details.  Sinon, tu es officiellement dans les archives du American Dissident.  Felicitations !  
J'espere que ma critique mordante et tres necessaire vous manque a vous aut' a Trois-Rivieres car vous aut' me manquent !  Enfin, du fait que j'ai l'œil critique et le courage pour dire a haute voix mes quatre verites, cela n'a rien a avoir si je suis heureux ou non.   Ton « souhait ancien » n'est que du vent chaud.  Il faut pour nos deux democraties en voie de devenir (ou deja le sont) oligarchies que de plus en plus d'entre nous aut' se tiennent debout et commencent a demanteler ce que vous aut' ont bati a votre profit.   Je n'eprouve aucune haine pour toi, Rejean.  Au contraire, j'ai bien aime notre correspondance et avoir fait ta connaissance.  
Au plaisir,
G. Tod